Jan 072015
 

Depuis les terribles événements survenus à Paris le 7 Janvier et les jours suivants, politiciens et grands médias des pays membres de l’OTAN, dont le Canada, tonnent que «nous devons tous nous unir» en réponse à une soi-disant «déclaration de guerre» de groupes religieux extrémistes. Mais sous le couvert de «sauvegarder nos libertés contre le terrorisme», le gouvernement d’Harper et les autres gouvernements occidentaux se lancent dans une escalade de militarisme et d’agressions à l’étranger, et rognent davantage les libertés démocratiques – en particulier le droit à la dissidence – au pays.

Pour être clair, le Parti communiste du Canada condamne catégoriquement toutes les actions terroristes, qu’elles soient commises par des individus, des mouvements ou des États impérialistes. Comme nous l’avons dit immédiatement après les événements du 11 septembre 2001, «les actions terroristes sapent la lutte pour un changement progressiste; elles mettent sur la touche et neutralisent le mouvement des masses, créent la peur et désorientent la riposte populaire, et fournissent à l’impérialisme et à la réaction un puissant prétexte pour intensifier la répression».

Cela dit, les menaces les plus graves pour la paix et la sécurité, et pour les droits et les libertés démocratiques, proviennent des politiques et des actions des gouvernements occidentaux eux-mêmes, et non d’un petit nombre de criminels violents qui cherchent à provoquer la répression dans l’espoir de gagner du soutien à leur propre agenda étroit et fondamentaliste.

Les travailleuses et les travailleurs se font dire aujourd’hui de «prendre partie» dans la confrontation entre les grandes puissances impérialistes et les mouvements religieux réactionnaires. Ce faux choix fait fi de la réalité à l’effet que les puissances de l’OTAN, dont le Canada, portent la responsabilité d’avoir créé les conditions qui ont favorisé l’émergence des groupes fondamentalistes. Dans de nombreux cas, les agences de renseignement occidentales ont eu une implication directe dans leur formation. Pendant les années 1980, par exemple, les États-Unis ont armé les adversaires du gouvernement progressiste de l’Afghanistan, dans le but géopolitique de déstabiliser l’URSS. Les États-Unis et d’autres puissances impérialistes sont intervenus en Irak, en Iran, en Libye, en Syrie, en Yougoslavie et dans de nombreux autres pays, cherchant toujours à saper les forces progressistes et à prendre le contrôle du pétrole et des autres ressources naturelles. Israël, le plus proche allié de l’impérialisme américain et canadien, a également continué d’occuper les territoires palestiniens au cours de cette période.

Des millions de personnes sont mortes à la suite de ces guerres et de ces occupations impérialistes, et de l’imposition de politiques économiques et sociales néolibérales soutenues par l’Occident. Cela a suscité un énorme ressentiment chez les populations de ces pays agressés, avec des résultats prévisibles, et a aussi alimenté la croissance de dangereuses forces fascistes et anti-immigrées à travers l’Europe et l’Amérique du Nord.

Nous défendons la liberté d’expression, y compris le droit de critiquer les croyances religieuses, mais nous observons aussi que le contenu de Charlie-Hebdo a souvent contribué à l’augmentation dangereuse de la bigoterie et de la xénophobie en Europe. Le seul moyen de sortir de cette spirale de haine et de violence est de promouvoir l’action commune des travailleuses et des travailleurs de toutes origines nationales et de toutes croyances religieuses contre la domination et l’exploitation des sociétés transnationales, et de défendre la souveraineté nationale.

Le fait est que tant les puissances impérialistes que les groupes extrémistes réactionnaires défendent leurs intérêts propres, lesquels sont tout à fait hostiles aux travailleuses et aux travailleurs. La fausse théorie du « choc des civilisations » divise et affaiblit les travailleuses et les travailleurs en nous tournant les uns contre les autres sur la base de la religion ou de l’origine nationale. Au lieu de cela, la vraie alternative est de construire l’unité autour d’un véritable programme populaire et d’une stratégie pour faire reculer l’austérité, mettre fin aux guerres impérialistes d’occupation, et défendre l’environnement. Plutôt que de s’entretuer, la classe ouvrière de tous les pays doit s’unir pour le plein emploi, pour l’accès aux soins de santé, pour l’éducation et les programmes sociaux, pour un environnement sain et un développement économique pacifique.

Le Parti communiste du Canada exhorte les mouvements ouvriers et populaires à défendre les droits et libertés civiques, et à résister aux attaques croissantes qui ciblent les musulmans, les Arabes, les minorités religieuses et les communautés racialisées. En particulier, nous condamnons le projet du Premier ministre Stephen Harper d’introduire une nouvelle législation qui permettrait l’«arrestation préventive» de toute personne considérée comme une «menace» potentielle. Cette loi rappelle la «Loi des mesures de guerre», adoptée durant la Première Guerre mondiale afin de criminaliser les sections immigrantes de la population du Canada en tant qu’ «ennemis étrangers» et pour interdire la littérature de gauche et anti-guerre.

La véritable intention tant de celle-ci que des autres lois de «sécurité nationale» est d’étouffer la liberté de parole et de faire taire les critiques des politiques et des gouvernements de droite. La véritable stratégie d’Harper est de revenir en arrière, pour donner aux gouvernements le pouvoir de sévir contre les syndicats, contre les mouvements de résistance autochtones, les immigrantes et les immigrants, les écologistes, les défenderesses et les défenseurs des droits civiques, les radicaux politiques et autres qui s’opposent à l’agenda de «libre-échange», d’austérité néolibérale et de militarisme des compagnies.

Le Parti communiste exige la fin de la participation du Canada dans les guerres d’agression, y compris le bombardement actuel de l’Irak et de la Syrie, qui ne peut conduire qu’à de nouvelles violences. Nous exhortons les mouvements ouvriers et démocratiques à condamner les efforts du gouvernement Harper (avec l’appui des autres partis parlementaires) pour restreindre les libertés civiques, les droits du travail et les autres libertés démocratiques au nom d’une guerre contre l’Islam et même contre les citoyens de notre propre pays.

Au lieu de cela, nous réclamons que le Canada se retire de l’OTAN, de Syrie et d’Irak! Élisons un gouvernement qui adoptera une politique étrangère indépendante de paix et de désarmement. N’envoyons pas de jeunes Canadiennes et Canadiens à la guerre – finançons la création d’emplois et les programmes sociaux, et non dans le militarisme. Protégeons les minorités et étendons les droits sociaux, civiques, ouvriers et démocratiques, au pays comme à l’étranger. Limitons le pouvoir des compagnies canadiennes et internationales. Rejetons les accords de «libre-échange», protégeons et restaurons la souveraineté du Canada et de tous les autres pays.

Dans la situation instable d’aujourd’hui, les Canadiennes et les Canadiens doivent rejeter les tentatives de manipuler l’opinion publique au moyen de la peur, de la surveillance de l’état policier, du racisme et de l’intimidation. Le Parti communiste exhorte toutes celles et ceux qui soutiennent la paix, les droits civiques et les libertés démocratiques de s’exprimer – dans les rues, dans les médias sociaux, et dans les urnes – contre l’escalade de répression de l’État qui tente d’étouffer notre résistance collective. Il n’est pas trop tard, mais le moment de défendre la démocratie, c’est aujourd’hui!

Exécutif centrale,
Parti communiste du Canada
21 Janvier, 2015