May 012022
 
Photo of fist with text: 1er Mai 2022

Le premier mai 2022 marque une année de “reprise corporative“ de la crise économique concomitante à la COVID. Une crise qui a fait souffrir beaucoup de travailleur-euses, au Canada comme ailleurs. Une année également marquée par une escalade militaire qui mène directement à la guerre en Ukraine et menace de d’embraser toute l’Europe. 2022 est aussi une année où il y a eu un renouement au niveau de l’organisation et du militantisme au sein de la classe ouvrière et des personnes opprimées. Cette reprise de vigueur de la lutte des classes donne espoir pour renverser la vague d’austérité, de guerre, de néolibéralisme et, en définitive, le capitalisme.

Le Capital a utilisé la pandémie et la crise économique pour lancer une offensive sur les salaires, les conditions de vie et les emplois. Bien que le gouvernement se vante d’une baisse du taux de chômage, il y a quand même un peu plus d’un million de travailleur-euses privés emploi. De surcroit, ces chiffres occultent l’augmentation du travail précaire et l’augmentation salariale bien en-deçà de l’inflation. Ce scénario est exactement ce qu’espéraient les grandes entreprises et les politicien-nes de droite quand ils pressaient le gouvernement de couper les programmes d’aides aux travailleur-euses, sous prétexte que ceux-ci les décourageraient à chercher de l’emploi.

Cette attaque sur les travailleur-euses inclut une expansion rapide de l’économie à la demande, ce qui affecte virtuellement tous les secteurs industriels et les types d’emplois. La proportion de ces travailleur-euses a pratiquement doublé durant la pandémie avec quasiment 40% des compagnies canadiennes qui y ont recours.

La situation pour les femmes, les peuples autochtones, les jeunes ainsi que les personnes racisées est particulièrement critique avec le chômage et le travail précaire ambiant. La participation des femmes à la force de travail a touché son plus bas pourcentage des 30 dernières années durant la pandémies. Leurs retraites et revenus ont baissé en conséquence.

De surcroit, les travailleur-euses peinent à joindre les deux bouts avec l’augmentation des prix et des taux d’intérêts, induistant une augmentation de l’endettement, une crise du logement hors de contrôle et une qualité de vie diminuée particulièrement après des années d’augmentations salariales négligeables. Les entreprises utilisent l’inflation comme cheval de Troie afin d’augmenter les coûts des biens de première nécessité comme l’essence et la nourriture, laissant un quart des ménages canadiens en situation financière d’insolvabilité.

Avec toutes ces attaques, et en partie à cause d’elles, les plus riches voient leurs profits et fortunes personnelles augmenter. Au Canada, les profits capitalistes ont augmenté de 103 milliards en 2021; 37% de plus qu’en 2020 et la plus grosse augmentation depuis les années 1980. Les institutions financières mènent cette charge avec des profits combinés de 58 milliards, une augmentation de 46% par rapport à 2020. La plupart de ces entreprises pratiquent l’évasion fiscale et la plupart ont bénéficié des programmes gouvernementaux d’aide aux salaires comme la Subvention salariale d’urgence pour leur propre compte.

Plutôt que d’introduire un budget pour les travailleur-euses, les Libéraux ont imposé un budget de guerre en mars. Le gouvernement a promis une augmentation de 8 milliards pour les dépenses militaires, en plus des 19 milliards qu’ils ont utilisés pour acheter des avions de combat F-35. Cet argent aurait pu être utilisé pour produire assez d’énergie verte en deux ans pour fermer un peu plus du deux tiers des usines utilisant de l’électricité produite à l’aide d’énergie fossile. Ce faisant, il créerait 20 000 emplois et stimulerait l’économie industrielle. Il pourrait également construire 750 000 logements sociaux, ce qui combattrait de façon efficace la crise du logement tout en créant 1.5 millions d’emplois.

À la place, le gouvernement a choisi de d’investir l’argent public, fourni principalement par les travailleur-euses, dans la guerre et les dépenses militaires qui mènent directement a une augmentation flagrante de l’inflation et une décroissance du pouvoir d’achat et de la qualité de la vie et laissant les travailleur-euses vulnérables à une autre vague de COVID sans les ressources appropriées et d’intervention gouvernementale.

Bien que le gouvernement et le capital poussent pour de plus en plus de profits – malgré une croissance des inégalités et des contradictions qui mènent a un agrandissement de l’extrême-droite – les travailleur-euses continuent à se mobiliser et s’organiser pour résister à ces attaques, voire passer à l’offensive en se battant pour une relance économique populaire.

La grève du secteur public l’an passé au Nouveau-Brunswick en est un exemple. 22 000 membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) ont obtenu une augmentation significative des salaires grâce à leur solidarité, combativité et unité et ce, malgré un gouvernement de droite déterminé à briser le syndicat. Leur lutte a eu des répercussions à travers tout le pays, incluant en Colombie Britannique où le BCGEU presse le gouvernement du NPD pour une augmentation salariale à 33 000 travailleurs de la santé, en éducation post-secondaire et en services sociaux et publics. On en a des échos également au Québec, où les trois grandes centrales syndicales ont annoncé un front commun à l’occasion des négociations du secteur public l’an prochain.

Les travailleur-euses académiques à travers le pays ont également fait grève pour des salaires et conditions de travail décents, pour protéger et améliorer la qualité de l’éducation postsecondaire. Au Québec, 15 000 travailleur-euses de CPE au Québec se sont mis en grève pour un meilleur salaire et des ressources supplémentaires pour les éducatrices spécialisées.

Les travailleur-euses de la grande distribution font la grève pour de meilleurs salaires et bénéfices. Il en est de même dans la restauration et l’hôtellerie où des grèves sont organisées contre des patrons qui demandent de plus en plus de concessions. Les travailleur-euses au Hilton Vancouver Metrotown sont en lock-out depuis maintenant plus d’un an à la suite d’un licenciement de plusieurs employés durant la pandémie.

Par ailleurs, le taux de syndicalisation commence à augmenter après une longue période de déclin en conséquence d’un regain de la vigueur des syndicats. La plupart de ces gains se sont faits dans le secteur public, où cette augmentation se chiffre à 77%. Le secteur privé, lui aussi, a vu plusieurs tentatives d’organisation couronnées de succès comme chez Chapters/Indigo, Starbucks, PetSmart et ailleurs dans l’industrie de la vente au détail où il est particulièrement difficile de se syndiquer. 1200 travailleur-euses dans trois usines différentes de Canada Goose ont voté pour se syndiquer avec Workers United, la plus importante victoire en 30 ans dans le plus grand secteur syndiqué au pays. Cette augmentation en activité syndicale peut également être observé internationalement à travers les victoires contre Starbucks et Amazon.

Ces récents succès sont en grande parti dus au travail militant du mouvement ouvrier et de la classe ouvrière. La plupart du temps, ils doivent se buter dans leur syndicat à des cadres libéraux et sociaux-démocrates de droite qui favorisent la collaboration avec l’employeur et le gouvernement. Ils cherchent à pacifier la classe ouvrière et à restreindre les luttes ouvrières au dialogue social et à les canaliser politiquement vers le NPD ou même le parti Libéral.

Trop de travailleur-euses doivent se battre sur deux fronts : contre le patronat et le syndicalisme de collaboration. Le mouvement ouvrier doit se doter d’une direction orientée vers la lutte de classe, qui mobilise les travailleur-euses dans l’action politique indépendante, qui avance les intérêts de la classe ouvrière aux tables de négociation, dans les milieux de travail, dans nos milieux de vie et au niveau national et international.

Ceci doit inclure la lutte pour une centrale unique au Canada anglophone, le syndicalisme de classe et la création de liens privilégiés et fraternels entre le Congrès du travail du Canada (CTC) et les syndicats nationaux au Québec.  Il faut également empêcher les divisions qui ne font qu’aider le patronat. Les relations internationales sont primordiales pour lutter contre les entreprises transnationales, les corps financiers comme l’OMC, la Banque mondiale et les accords de libre-échange comme AEUMC.

Le combat contre le militarisme et la guerre, qui ne sont qu’utilisés par la classe dirigeante pour augmenter leur pouvoir et leurs profits ainsi que de répandre le chauvinisme national et de diviser la classe ouvrière, doit s’intensifier. Ceci inclut la campagne pour retirer le Canada de l’OTAN et du NORAD, pour une politique étrangère basée sur la paix, le désarmement et la coopération internationale. Les actions de solidarité avec les peuples de Cuba, du Venezuela, de la Palestine et ainsi que tous ceux qui luttent contre l’impérialisme, pour la libération nationale, les droits ouvriers et démocratiques, le droit à l’auto-détermination et finalement, le droit de choisir une voie socialiste de développement.

Les syndicats et mouvements démocratiques aptes à mener la bataille contre le néolibéralisme, les grandes entreprises, assurer une relance économique populaire, pour la paix et le désarmement, pour la justice climatique – pour des changements fondamentaux qui donnent priorité au peuple et non aux profits dans le but final de bâtir le mouvement pour le socialisme.

Telle est la voie pour bâtir un mouvement syndical uni capable de renverser la vapeur.

Comité exécutif central, Parti Communiste du Canada