May 112021
 
solidarity with Colombia

Le Parti communiste du Canada salue la détermination et le courage des Colombien-nes en lutte depuis le 28 avril dernier contre le gouvernement d’Ivan Duque et ses politiques réactionnaires et néolibérales dictées par l’impérialisme états-unien et ses alliés. Tout particulièrement, nous saluons le Parti communiste colombien (PaCoCol) et son organisation de jeunesse (JuCo), impliqués depuis des décennies dans les mouvements sociaux et dans la lutte pour une Colombie libre, souveraine et socialiste. Nous dénonçons également la répression et les violences systématiques de la part du gouvernement colombien qui ont fait, selon les données les plus récentes, 1708 victimes de violences policières, 37 morts et qui se sont soldées par 831 détentions arbitraires.

Nous saluons également la victoire du mouvement de grève nationale qui a forcé le gouvernement à retirer une réforme fiscale régressive qui tentait de faire payer les travailleur-euses, les petits paysans et les masses populaires pour le déficit public. En effet, cette réforme prévoyait, entre autres, taxer les retraites, les services publics, les intrants agricoles, geler les salaires de la fonction publique jusqu’en 2026, et ce, sans toucher aux grandes entreprises.

Fiers de cette victoire, les syndicats, les étudiant-es, le mouvement autochtone et paysan ainsi que les couches populaires de la société, ont décidé de poursuivre la lutte contre le néolibéralisme, contre cette caste dirigeante à la solde de Washington, plus loin. Malgré la répression, l’offensive populaire ne faiblit pas et demande le départ de Duque et de son gouvernement.

Pour rappel, avec 40% de la population vivant dans la pauvreté, la Colombie est un des pays les plus inégalitaires et les plus ravagés par le néolibéralisme dans la région. S’il est souvent cité en exemple par les pays impérialistes, c’est surtout parce qu’il agit comme l’une de leurs bases arrière comme on a pu le voir avec le Venezuela où plusieurs tentatives de coup d’État ou de déstabilisation ont été partiellement ou totalement planifiées, voire financées, en Colombie. Cette position de bon élève de l’impérialisme lui a permis, en 2018, de devenir un État partenaire de l’OTAN.

La répression violente et systématique des mouvements sociaux en Colombie n’est pas nouvelle. Tout mouvement, toute organisation susceptible de s’opposer au joug impérialiste et au pouvoir des grandes entreprises sont liquidés. Ce n’est pas pour rien qu’on estime que 2/3 des crimes syndicaux au monde s’y produisent.

Depuis la signature des accords de paix signés entre le gouvernement colombien et les FARC à La Havane en 2016, plus de 1000 dirigeant-es syndicaux, sociaux et progressistes ont été assassinés, précarisant le processus de paix. Avec la présente répression, appuyée par les États-Unis et l’Union européenne, ce processus pourrait être en péril.

Quant au Canada, son silence complice est révélateur des intérêts qu’il défend. Les entreprises minières canadiennes y ont écrit la loi minière de sorte qu’elles ne payent aucune redevance et pillent sans entrave les ressources du pays. Des forces colombiennes ont été entrainées par des officiers canadiens, tandis que le Canada a vendu des hélicoptères et autre équipement militaire au gouvernement colombien. Il n’a d’ailleurs eu aucun scrupule à signer, en 2010, un accord de libre-échange avec la Colombie.

Aujourd’hui, le Canada, les États-Unis, le Groupe de Lima, l’OEA et leurs alliés tentent de faire croire que le Venezuela est un État dictatorial et qu’il nous faudrait venir en aide au peuple Venezuelien en quête de liberté. Pourtant, le Venezuela n’a jamais réprimé les mouvements sociaux comme le fait la Colombie. À aucun moment, le Venezuela n’a instrumentalisé les cartels de la drogue pour financer des groupes paramilitaires.

Aujourd’hui, le peuple colombien est en lutte. Sa lutte est la nôtre, car c’est la lutte de tous les peuples du monde contre l’impérialisme et contre le capitalisme. C’est aussi la nôtre, car c’est une lutte contre la domination des entreprises multinationales sur le continent américain, contre la répression des mouvements populaires et démocratiques en Colombie comme dans la région. C’est également la nôtre puisque les Colombien-nes luttent contre les mêmes entreprises minières qui ici, au Canada, directement ou indirectement, sont responsables de la destruction de notre environnement, participent au vol des terres des peuples autochtones et dictent les politiques à suivre à nos gouvernements.

Communistes, nous exigeons du gouvernement du Canada qu’il condamne publiquement et clairement la répression du gouvernement Duque, mais aussi qu’il lève les sanctions contre le Venezuela, car s’il est un élément clair dans cette situation, c’est qu’entre le Venezuela de Maduro et la Colombie de Duque, le vrai État « voyou », celui qui met en danger les peuples d’Amérique latine et leur aspiration à la souveraineté et à la paix, c’est la Colombie; pas le Venezuela.