Le Parti communiste du Canada condamne le ministre du Travail, Steven MacKinnon qui, affirmant qu’il y « a une limite à l’autodestruction économique que les Canadiens sont prêts à accepter », impose un retour au travail aux travailleurs portuaires de Montréal et de Colombie-Britannique en conflit avec la partie patronale. Ce faisant, il reprend la formule gagnante du patronat employée en fin d’été pour asséner d’un coup de loi-matraque les cheminots du CP et du CN.
En collusion avec les cartels patronaux, l’employeur impose un lock-out, puis le gouvernement se range dans le jeu et assure un arbitrage exécutoire qui, dans les faits, est bénéfique pour le patronat exclusivement. Il le fait à travers l’article 107 du Code du travail fédéral qui lui permet de contourner les lois-matraques. Il permet au patronat d’invoquer des pertes de profits substantielles et ainsi impliquer les pouvoirs publics en vue d’une dite médiation. Autant pour le dialogue social…
S’il est vrai que les Canadiens ont une limite quant au sabotage économique, il conviendrait mieux de rappeler que celui-ci est le produit du pouvoir des monopoles et non des grèves ni des actions industrielles qui, au contraire, forcent le patronat à investir davantage dans l’emploi, les salaires, les services et infrastructures publiques en rade plutôt que dans la guerre. Grèves et actions industrielles ne cherchent pas à saboter l’économie, mais plutôt à en finir avec le pouvoir des monopoles qui la sabotent en mutualisant les pertes et privatisant les profits.
Au Port de Montréal, l’offre patronale a été rejetée le 10 novembre dernier. Pourtant, une grève partielle avait lieu depuis le 10 octobre affublée d’une grève des heures supplémentaires. L’objectif des débardeurs était d’en finir avec la disponibilité obligatoire de 19 jours sur 21 et un régime de travail où 24h de préavis suffisent pour les mettre sur la touche. La sécurité d’emploi reste au coeur du litige : Montréal demeure le seul port canadien où une rémunération minimale hebdomadaire est garantie, eu égard aux heures ouvrées. Ce mécanisme n’est pourtant accessible qu’au bout de neuf ans. Le syndicat cherche à faire baisser ce nombre d’annuités à trois, au grand dam du patronat. Quant aux demandes salariales, l’offre « finale » du patronat planche sur une augmentation de 19% sur 6 ans en lieu et place de 20% sur quatre ans, similaire aux concessions arrachées par leurs collègues des ports de Halifax et de Vancouver.
Rappelons que ce conflit prend place alors que la dernière convention collective avait été imposée à la suite d’une loi spéciale forçant le retour au travail des débardeurs en mai 2021. Autrement dit, une grande partie des demandes syndicales sont héritées du sabotage des négociations il y a plus de trois ans.
Dans les ports de Colombie-Britannique, les 700 superviseurs, privés de contrats de travail depuis mars dernier, se sont dotés d’un mandat de grève approuvé à 96%. S’il est vrai que le patronat accorde, dans son offre, une augmentation de 19,2% sur quatre ans, mais refuse d’aborder l’épineuse question des embauches dans un contexte où l’automatisation de plusieurs activités portuaires risque de se solder par des mises à pied. Cet enjeu n’est pas nouveau et a trôné au coeur des luttes dans cette industrie où, depuis des décennies, le patronat cherche à imposer des mises à pied et la flexibilité au travail à chaque introduction de nouvelles technologies.
À Québec, où les débardeurs essuient un lock-out de plus de deux ans, le ministre McKinnon n’impose aucun arbitrage. C’est que, dans ce port de plus petite capacité, l’emploi de briseurs de grève (malgré l’adoption d’une loi rendant illégal ce recours, celle-ci ne sera appliquée qu’en 2025), permet au patronat de contourner les effets de l’arrêt de travail forcé pour ses propres intérêts.
Ce simple fait devrait nous rappeler à quel point l’État, tant qu’il sera soumis au pouvoir des monopoles, n’a d’autre but que de garantir les profits capitalistes. Libéraux, Conservateurs, mais aussi des forces prétendument « progressistes » comme celles de la Mairesse Plante de Montréal qui s’est dite « soulagée » quant au fait que les « activités [du port] reprennent » jouent tous un rôle bien précis que le confine le capitalisme monopoliste d’État.
Dans le cadre d’un conflit de travail, et plus particulièrement dans on contexte de crise économique et d’un regain de confiance de la classe ouvrière envers l’action industrielle, casser les syndicats et entraver le droit de grève le plus rapidement possible devient un impératif des plus urgent.
Communistes, nous réaffirmons notre entière solidarité envers les débardeurs. Non seulement dénonçons-nous le recours à l’article 107 du Code du travail, mais nous luttons pour son abrogation. Nous en appelons à la solidarité ouvrière pour contrer cette attaque patronale visant à criminaliser le droit de grève, donc l’action industrielle.
Comité exécutif central, PCC