7e septembre 2015
À l’occasion de la Fête du Travail 2015, le Parti communiste du Canada envoie ses salutations les plus chaleureuses de solidarité aux travailleuses et aux travailleurs à travers le pays, en particulier à toutes celles et tous ceux qui sont engagés dans des luttes contre les attaques des employeurs et les gouvernements de droite.
Cette année, la Fête du Travail a lieu durant une campagne électorale cruciale, dans le contexte d’une crise économique qui impose de lourdes épreuves aux travailleuses et aux travailleurs au Canada et à travers le monde capitaliste. Le défi auquel fait face le mouvement ouvrier organisé est de jouer un rôle majeur dans la défaite des Conservateurs de Stephen Harper, et de travailler au-delà de l’élection à bâtir un mouvement de masse qui peut renverser le programme d’austérité imposé par les grosses compagnies.
L’impact anti-populaire des politiques néolibérales continue de se manifester. Même avant la crise de 2008, les plus grandes entreprises et les banques avaient consolidées leurs opérations en réduisant leur production, en augmentant la productivité du travail, en attaquant les salaires, les avantages sociaux et les conditions de vie des travailleuses et des travailleurs. Les revenus réels des travailleuses et des travailleurs sont en baisse depuis des décennies. Bien que les chiffres officiels du chômage restent à environ 6,8%, le genre d’emplois s’est considérablement modifié. Les emplois à temps partiel représentent maintenant 80% de la création nette d’emplois, et près de 20% des travailleuses et des travailleurs occupent des postes à temps partiel, contre 12,5% en 1976. Il y a maintenant 1,1 million de travailleuses et de travailleurs dans des emplois contractuels, temporaires, précaires, qui gagnent un salaire inférieur et ayant peu d’avantages sociaux. Les licenciements massifs ont frappé des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs cette année dans les secteurs de la fabrication, des services et de la vente au détail. Le chômage des jeunes reste deux à trois fois plus élevé que le taux moyen de chômage, et est encore plus élevé chez les communautés racialisées et autochtones. Les logements sont de plus en plus inabordables pour des millions de familles, et l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes pour un travail de valeur égale se creuse à nouveau.
Le vrai but du « plan d’action économique » du Premier ministre Harper est d’améliorer la rentabilité des entreprises et la concentration du capital par le biais d’un transfert du gros de la richesse de la classe ouvrière, des petites agricultrices et agriculteurs et des productrices et des producteurs du secteur primaire, des peuples autochtones, des femmes, des communautés de nouvelles et nouveaux immigrants et des travailleuses et des travailleurs migrants, des jeunes et des personnes âgées. Et ça marche: les revenus avant impôt du 1% des Canadiennes et des Canadiens les plus riches accaparent maintenant 37% de la croissance globale, et correspondent désormais à 12,2% de l’ensemble des revenus du pays.
La stratégie d’austérité implique aussi de saper le système universel de soins de santé publics, le régime d’assurance-emploi, et les retraites; de couper dans les transferts sociaux pour l’éducation et la sécurité sociale; de nouvelles attaques contre les lois du travail, les programmes d’équité, et la protection de l’environnement; et plus de guerres, plus de la surveillance secrète, plus de policières, de policiers et de prisons. Les droits syndicaux pour s’organiser, pour la libre négociation collective et le droit de grève sont régulièrement attaqués par une législation restrictive et des retours forcés au travail. De nouveaux accords commerciaux pro-compagnies sont en cours de finalisation, comme l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne, et le Partenariat Trans-Pacifique (TPP), qui menacent la souveraineté, la démocratie, l’environnement, et les travailleuses et les travailleurs. La liberté d’expression et les libertés civiles sont limitées par des mesures dites de «sécurité», telles que la loi C-51, qui menacent toutes celles et ceux qui sapent « la stabilité économique ou financière du Canada » – en référence claire aux syndicalistes, aux écologistes, aux défenderesses et aux défenseurs des territoires autochtones.
Il ya une opposition militante croissante parmi les travailleuses, les travailleurs et au sein des mouvements démocratiques plus larges. Cela se reflète sur les lieux de travail, autour de la table de négociation, sur les lignes de piquetage, dans les rues, et aussi parmi les peuples autochtones qui luttent pour leurs justes droits nationaux; autour de l’opposition à l’extraction des sables bitumineux et à la fracturation hydraulique; chez les jeunes, les étudiantes et les étudiants, en particulier au Québec, contre l’augmentation des frais de scolarité, contre la violence policière et l’austérité; dans l’opposition à la fin de livraison du courrier à domicile en milieu urbain; et dans les mobilisations de masse contre C-51. Cela se reflète aussi dans la lutte syndicale et communautaire pour augmenter le salaire minimum à $15; dans la bataille contre le projet de loi 1 en Nouvelle-Écosse; dans les luttes militantes de sections locales du SCFP à l’Université York et à l’Université de Toronto; dans les actions des enseignantes et des enseignants pour l’emploi en Colombie Britannique et en Ontario ; et les récentes négociations en Ontario impliquant les TUAC (magasins Loblaws) et Unifor (magasins Métro), où ces syndicats ont travaillé dur pour obtenir des améliorations significatives pour les travailleuses et les travailleurs à temps partiel, incluant l’élimination de l’écart salarial.
Ces exemples montrent que le mouvement syndical dispose de la force du nombre, de l’expérience et de la force organisationnelle pour jouer un rôle de premier plan dans la construction d’une riposte beaucoup plus large et plus coordonnée.
Un nouvel esprit de résistance a émergé au sein du Congrès du travail du Canada, où le président Hassan Yussuff a été élu après avoir endossé le programme du mouvement « Take Back the CLC » appelant à l’unité du mouvement syndical et à une action militante. En Ontario, la FTO, présidée par Sid Ryan, a joué un rôle important pour bâtir la coordination et la solidarité du mouvement syndical autour de ses grandes luttes, et à forger le Front commun de l’Ontario avec les alliés sociaux dans les communautés.
Au Québec, les trois principales centrales syndicales (FTQ, CSN et CSQ) ont formé un front commun pour négocier les conventions collectives des 450 000 employé(e)s provinciaux. Il existe un large appui au Québec pour le concept d’une coalition plus large des syndicats avec les féministes, les groupes populaires, les groupes environnementaux et les associations étudiantes, qui userait d’une escalade de moyens de pression jusqu’à une grève politique contre le programme d’austérité du gouvernement Couillard.
Mais il demeure de fortes divergences à propos des tactiques et des stratégies. Les forces militantes en faveur d’un « syndicalisme social » soutiennent une action politique syndicale indépendante, tandis que des dirigeantes et des dirigeants collaborateurs, en faveur du syndicalisme d’affaire, préfèrent plutôt « sous-traiter » le rôle politique des syndicats avec le NPD, dans l’espoir de ressusciter le soi-disant «contrat social» entre les syndicats, les entreprises et le gouvernement. Derrière ces choix, il y a une question plus fondamentale : « Quel chemin le mouvement ouvrier doit-il emprunter, celui de la lutte des classes ou celui de la collaboration des classes? »
La réponse nécessite de comprendre que la crise systémique du capitalisme qui s’approfondit et mûrit montre qu’il n’y a pas d’autre voie possible que celle de s’unir et de lutter contre l’offensive menée par le capital monopoliste et ses gouvernements, et de promouvoir une véritable alternative et une ligne de lutte de classe pour atteindre nos objectifs. La prochaine étape dans la riposte commence par défaire le gouvernement conservateur, qui a été un désastre pour les travailleuses, les travailleurs, les peuples autochtones, les femmes, les jeunes, les étudiantes, les étudiants, les personnes retraitées, les personnes immigrantes et les gens des communautés racialisées. Mais le peuple travailleur n’a pas besoin d’une nouvelle version libérale du programme conservateur pro-guerre et à la solde des grosses compagnies. Et malheureusement, malgré quelques mesures utiles comme un salaire minimum fédéral de 15 $ / heure et un programme pancanadien de garde d’enfants, le NPD refuse de rejeter les traités capitalistes de «libre-échange», ou d’exiger la fin de la participation aux guerres dirigées par les États-Unis.
Comme le montre l’exemple récent de la Grèce, où le gouvernement « radical » de Syriza a fini par imposer les politiques d’austérité exigées par le capital financier européen, un changement fondamental nécessite une action de masse de la classe ouvrière pour rompre complètement avec le système de politiques économiques néolibérales, les traités commerciaux capitalistes et les alliances militaires impérialistes.
Dans cette élection, seul le Parti communiste du Canada propose une véritable alternative populaire: plus d’emplois et des salaires plus élevés, la défense des droits syndicaux, l’élargissement des programmes sociaux, un million de nouveaux logements, la nationalisation des ressources et des banques, la réduction des émissions de carbone, la mise au rebut des lois de « sécurité d’État », la justice pour les peuples autochtones, la pleine égalité des genres, la réduction des dépenses militaires, et des taxes plus élevées pour les sociétés et les riches. Un vote pour les candidates et les candidats communistes constitue une puissante demande pour ces changements fondamentaux. En fin de compte, pour gagner une véritable alternative populaire, nous avons besoin d’un combat à long terme, et une puissante coalition populaire de la classe ouvrière et ses alliés à l’extérieur du Parlement. Le mouvement syndical doit devenir le noyau d’une telle coalition, qui pourrait briser le pouvoir des grosses compagnies et ouvrir la voie vers un Canada socialiste.
En cette Fête du Travail 2015, le Parti communiste du Canada exhorte toutes les travailleuses et tous les travailleurs – syndiqués comme non syndiqués, employé(e)s comme chômeuses ou chômeurs, de toutes origines nationales et de tous les genres – à s’unir contre le programme des grosses compagnies capitalistes, et de lutter pour un monde libéré de toute exploitation, d’oppression et de guerre!