Le Parti communiste du Canada exige la libération immédiate du Président démocratiquement élu du Pérou, Pedro Castillo, ainsi que la fin de la répression militaire et policière à l’encontre des forces de progrès. Depuis le 7 décembre dernier, les masses populaires se sont levées contre un coup de palais ayant forcé sa destitution et son arrestation. Ce soulèvement a pris une ampleur remarquable auprès de l’ensemble des forces populaires alliant grèves générales, manifestations et même l’occupation de l’aéroport d’Arequipa, deuxième ville du pays.
Nous saluons cette combattivité croissante alors que la répression se montre de plus en plus faisant plus de 40 morts, 500 blessés et plus d’une centaine de prisonniers. De même, nous condamnons le silence complice du Canada devant un tel coup d’État (pourtant condamné internationalement) évidemment orchestré par l’oligarchie locale appuyée par l’impérialisme états-unien et nord-américain. Nous nous solidarisons également devant la demande d’Assemblée constituante pour le Pérou et joignons nos voix à celles qui refusent les manœuvres de la Vice-Présidente Boluarte dont le but avoué est de réhabiliter la droite continentale péruvienne.
Depuis son élection en juillet 2021, l’ensemble de l’appareil d’État péruvien s’est mis en branle pour empêcher le Président Castillo de gouverner, allant jusqu’à engager trois tentatives de destitution à son encontre.
Pourtant, très rapidement, ce dernier s’est empressé de donner des garanties non pas aux masses populaires, mais aux oligarques comprador du pays. Castillo a en effet multiplié les tentatives de collaboration avec le néolibéralisme et l’impérialisme. Le nombre de bases états-uniennes sur le territoire péruvien est passé de 7 à 10. De même, il n’a pas hésité à limoger son ministre des Affaires étrangères après que celui-ci a annoncé le retrait de son pays du groupe de Lima, sans compter les liens privilégiés tissés entre son pays et Israël.
Il n’a cependant pas manqué de proposer un programme social qui aurait pu s’attaquer à la base économique de l’oligarchie locale à la solde de l’impérialisme nord-américain. Si timide soit-elle, cette position ambigüe est trop dangereuse pour les intérêts de ceux qui cherchent à maintenir le pays dans le sous-développement et la tutelle de l’impérialisme états-unien. C’est d’autant plus le cas qu’on voit poindre dans la région un regain de mouvements populaires qui trouvent un certain écho politique – non sans contradictions manifestes – avec Petro en Colombie, Boric au Chili et AMLO au Mexique.
Pour l’impérialisme nord-américain, c’en est trop, surtout dans un contexte marqué par son déclin manifeste et que ces mouvements gagnent des pays historiquement alliés. Il ne peut permettre aucune dérogation à sa domination sur l’ensemble du continent et n’hésite pas à recourir aux vieilles tactiques de coup d’État que les travailleur-euses et les masses populaires d’Amérique latine ne connaissent que trop bien.
En clair, le danger aujourd’hui est que le Pérou sombre dans une dictature à la solde de Washington. Ainsi, réclamer la libération de Castillo va au-delà de défendre son bilan. Il s’agit en fait de défendre la souveraineté nationale et la démocratie en Amérique latine dans un contexte où la lutte des classes dans la région s’exacerbe. Pour l’impérialisme nord-américain, il s’agit d’empêcher coute que coute une redite des années 2000 où la majorité des pays latino-américains s’engageaient dans un processus progressiste anti-impérialiste.
Dans ce contexte, nous appelons les mouvements démocratiques et syndical à prendre action et à se solidariser de la lutte du peuple péruvien contre un ennemi commun qui, ici comme au sud du continent, s’attaque aux peuples autochtones, aux travailleur-euses et aux masses populaires.
Comité exécutif central, Parti communiste du Canada