Jul 242019
 

Le Parti communiste du Canada condamne rhétorique guerrière et l’escalade des tensions contre l’Iran et demande au gouvernement canadien de prendre des mesures immédiates pour désamorcer cette crise qui risque de déclencher une guerre régionale pouvant impliquer des armes nucléaires. Le gouvernement canadien doit faire pression pour le retrait immédiat de la région de toutes les forces militaires étatsuniennes et de l’OTAN et normaliser ses relations diplomatiques avec l’Iran.

La crise actuelle est le résultat direct de la provocation américaine, et elle s’aggrave de jour en jour.

En mai 2018, les États-Unis ont choisi d’abandonner unilatéralement le Plan d’action global commun (JCPOA), soit l’«accord sur le nucléaire iranien», et de réimposer des sanctions à l’Iran. Donald Trump a qualifié ces sanction entrées en vigueur en août 2018 de «sanctions les plus sévères jamais imposées». Elles ont pourtant été suivies d’autres sanctions en novembre 2018. L’accord sur le nucléaire a été signé et continue d’être soutenu par l’ensemble des pays du Conseil de sécurité des Nations unies. Ceux-ci se sont également opposés au retrait des États-Unis de l’accord.

En avril 2019, Trump a déclaré unilatéralement que le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran était une organisation terroriste et a annoncé que tous les pays importateurs de pétrole iranien seraient également soumis aux sanctions américaines. L’objectif déclaré était «de ramener à zéro les exportations de pétrole de l’Iran».

Les États-Unis ont poursuivi leur provocation en mai dernier en déployant un porte-avions, une force de bombardiers et 1500 soldats supplémentaires au Moyen-Orient.

Presque chaque jour depuis, l’administration Trump exacerbe les tensions militaires. À titre d’exemple, Trump a déclaré qu’il y avait une «urgence nationale» afin de finaliser un accord de 8 milliards de dollars pour la vente d’armes vers les alliés américains – et les rivaux de l’Iran – en Arabie saoudite, en Jordanie et aux Émirats arabes unis. Il a également envoyé 1000 soldats supplémentaires dans la région, ordonner, puis annuler, une frappe militaire à la fin juin, déclenché des cyberattaques contre l’Iran et déployé des chasseurs furtifs F-22 au Qatar.

L’Iran, quant à lui, est pris dans une position intenable. Lorsque le JCPOA a été négocié pour la première fois en 2015, le Parti communiste a averti que l’accord ne réglait en rien de nombreux problèmes sous-jacents qui ont contribué à l’insécurité, aux conflits et à la guerre dans la région. « Il n’y a pas eu de discussion sur le rôle d’Israël, un État doté d’armes nucléaires qui n’a pas signé le Traité de non-prolifération, ni sur le renforcement de l’armée dans la région par les États-Unis et leurs alliés. De même, [l’accord] ne traite pas de l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures d’États souverains, une tactique récurrente de l’impérialisme dans le but de renverser des gouvernements légitimes dans des pays tels que la Syrie. Le plan est encore affaibli par l’absence d’un échéancier clair pour l’élimination des sanctions ou d’un accord commun sur la levée de ces sanctions. »

Bien que les États-Unis aient quitté le JCPOA et réimposé des sanctions, la réponse de l’Iran reste sujette aux termes de l’accord et, par conséquent, aux sanctions des autres signataires. Ainsi, lorsque l’Iran a augmenté progressivement et symboliquement sa production d’uranium enrichi, il fut immédiatement dénoncé par la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Le gouvernement israélien a appelé ces pays à imposer des sanctions en réponse.

Cette crise suit un scénario que les peuples du monde ont vu à plusieurs reprises. Les États et les organisations impérialistes vont utiliser des soupçons et des allégations de menaces, des mouvements de troupes, de faux éléments de relations publiques et des cas d’agression exagérés ou complètement fabriqués de la part du pays ciblé pour construire une trame narrative dans le but de faire apparaître la guerre comme inévitable et même nécessaire.

Les forces impérialistes instrumentalisent la situation politique complexe de la région et sème la confusion. Or, la menace de guerre au Moyen-Orient ne provient pas de pays qui exercent leur droit souverain de développer leur industrie de l’énergie nucléaire pour construire leur économie, ni de pays qui s’opposent aux efforts impérialistes de recolonisation du Moyen-Orient.

La menace concrète réside plutôt dans les armes classiques et nucléaires déjà existantes que les États-Unis, leurs alliés de l’OTAN et Israël brandissent sans cesse dans leurs efforts pour déstabiliser la région, démoniser les gouvernements opposés aux projets impérialistes et justifier leurs ingérences et la guerre. Le danger réel réside dans les intérêts économiques et politiques de ces mêmes forces impérialistes. La campagne menée par les États-Unis pour obtenir un accès continu et le contrôle sur les sources de pétrole et ses voies de transport à travers le monde est le facteur clé de la montée des tensions belliqueuses contre l’Iran.

Le gouvernement canadien s’est allié aux États-Unis et à une infime minorité de gouvernements occidentaux qui cherchent de nouveaux prétextes d’intervention et de guerre. Ces gouvernements ont choisi le militarisme et la guerre comme option privilégiée pour étendre leurs sphères d’influence et leur contrôle sur les ressources et les marchés. Les conséquences de ces politiques militaristes sont inévitablement la destruction, les déplacements de populations, la mort et le désespoir pour les peuples des pays ainsi visés par l’impérialisme.

Dans le cas de l’Iran, les enjeux sont d’autant plus élevés compte tenu de la présence dans la région d’une concentration de forces militaires étrangères lourdement armées. Une guerre dirigée par les États-Unis contre l’Iran dégénérerait rapidement en conflit régional – voire en un conflit plus vaste – et impliquerait des puissances dotées de l’arme nucléaire, notamment les États-Unis, l’OTAN, la Russie et Israël.

Le Parti communiste du Canada exige le retrait immédiat de toutes les forces américaines et de l’OTAN de la région. Le PCC exige en outre que le gouvernement canadien s’oppose aux provocations américaines contre l’Iran, ainsi qu’à tous les actes d’ingérence et d’agression envers l’Iran. Le Canada doit rétablir et normaliser ses relations diplomatiques avec l’Iran et s’employer à mettre fin à toutes les sanctions contre le peuple iranien. Le PCC appelle à une nouvelle politique étrangère indépendante de paix, de coopération internationale et de solidarité, axée sur la promotion du désarmement général et global, à commencer par le démantèlement de l’arsenal nucléaire des États-Unis, ainsi que celui de l’OTAN et d’Israël.

Comité exécutif central, Parti communiste du Canada