May 072021
 
débardeurs du Port de Montréal

Le Parti communiste du Canada dénonce fermement la loi spéciale C-29 adoptée par la Chambre des Communes et le Sénat le vendredi 30 avril dernier. Elle force le retour au travail des 1151 débardeurs du Port de Montréal qui s’étaient mis en grève le 26 avril dernier.
 
Les débardeurs du Port de Montréal sont sans contrat de travail depuis 2018. La point de litige principal dans les négociations a à voir avec la conciliation travail – vie personnelle ainsi qu’avec le droit à la déconnexion. En effet, on leur demande présentement de téléphoner entre 18h et minuit pour connaitre leur affectation du lendemain. La mauvaise foi patronale les a forcés à faire grève durant dix jours en aout dernier, ce qui a abouti à une trêve de sept mois au terme de laquelle les travailleur-euses ont rejeté à 99,7% l’offre patronale.

En conséquence, des moyens de pression ont été adoptés début avril. Or, l’employeur (l’Association des employeurs maritimes, AEM) a réagi en imposant des heures de travail prolongées et obligatoires, ce qui a forcé les débardeurs à déclencher une grève générale illimitée.
 
La partie patronale justifie sa position en soulignant qu’au mois de mars, le volume de marchandises qui transite par le Port de Montréal aurait baissé de 11%. Or, on sait que selon le dernier rapport d’activité annuel produit en juin 2020, le Port de Montréal a connu une 6e année record en 2019.
 
Nous dénonçons également la campagne de salissage visant les débardeurs du Port. En effet, l’AEM n’a pas hésité à payer le prix fort pour acheter des pages publicitaires dans les grands journaux de Montréal afin de produire de la propagande mensongère à l’égard des débardeurs et de paver la voie à l’acceptation populaire à une loi spéciale déjà dans les cartons.
 
Dans ces pages, on pouvait lire notamment que les débardeurs ne travaillent que 16 jours sur une période de 21 jours. D’une part, quiconque connait ses opérations mathématiques de base constate qu’il s’agit d’un jour de plus que tout salarié qui, durant une même période, travaillerait du lundi au vendredi! D’autre part, cette donnée est fausse et se base sur une période de trafic de marchandises particulièrement bas. En réalité, les débardeurs sont supposés être disponible 19 jours pour une période de 21 jours.
 
Ce battage médiatique antisyndical est également attesté par différentes entrevues et sondages auprès de la population en général et des petites entreprises qui se voient comme victimes d’une grève au Port de Montréal. C’est d’ailleurs l’argument invoqué par la ministre Tassi pour justifier cette loi spéciale.
 
Le Gouvernement Legault s’est également mêlé de la partie en appuyant la partie patronale, comme il l’a fait lors de la grève de l’aluminerie ABI de Bécancourt, en demandant au gouvernement fédéral d’intervenir dans ce conflit.
 
Il est indéniable que le Port de Montréal soit un axe important de l’économie canadienne et québécoise : à lui seul, il représente 19 000 emplois directs ou induits, et 2,6 milliards de dollars en retombées économiques. Or, à aucun moment ces soi-disant défenseurs du bien-être de la population et des petites entreprises n’ont pensé au fait que ces retombées sont en grande partie le fruit du travail des débardeurs. À aucun moment n’ont-ils osé envisager qu’après plus de 30 mois et une soixantaine de rondes de négociation, la responsabilité de cette grève incombe à la partie patronale et non à ceux qui ne réclament que leur dû.
 
Le résultat est que l’employeur s’en tire à bon compte et reçoit ce qu’il espérait depuis le début. Avec cette loi spéciale, un médiateur-arbitre déterminera le contenu de la prochaine convention collective. Par le fait même, on passe outre le processus de négociation normal, mais surtout le syndicat. On ne peut qu’y voir une tentative de l’affaiblir et, à plus long terme, de casser les conditions de travail conquises par les débardeurs et revenir à l’époque où le travail était précaire et journalier.
 
Le Bloc, le NPD et le Parti vert de même que 3 députés libéraux ont voté contre cette loi spéciale que le Syndicat des débardeurs (SCFP-375) considère comme anticonstitutionnelle et entend contester devant l’Organisation internationale du travail.
 
En votant cette loi, comme en 2018 lors de la grève des travailleur-euses des postes, les Libéraux (comme les Conservateurs) prouvent une foi de plus leur engagement envers le patronat. Utiliser une loi spéciale pour forcer le retour au travail de salarié-es qui, depuis plus de 30 mois, sont sans convention collective alors que clairement, la partie patronale est fautive et tente de rompre les travailleur-euses à l’usure, relève d’une négation pure et simple du droit de grève et va à l’encontre du concept même de négociation.

C’est pourquoi le Parti communiste lutte pour une Charte des droits du travail qui garantira, entre autres, le droit de grève, de piquetage et d’organisation sans entrave, droits qui, tel qu’attesté à nouveau par la loi C-29, sont loin d’être garantis.
 
Alors que des élections sont sans doute à prévoir dans les prochains mois, cette loi spéciale fait montre à tous les travailleur-euses du pays le genre de « relance » économique que les Libéraux veulent nous imposer : une relance basée sur les impératifs patronaux, la répression des mouvements sociaux et des travailleur-euses qui osent lutter pour la défense de leurs droits et leurs conquêtes sociales; c’est-à-dire une relance austéritaire basée sur le sac des conditions de travail.