Dec 302021
 
Photo of Legault with text: Loi 21 Le Chauvinisme canadien n'est pas la solution au nationalisme étroit et réactionnaire de legault

Le Parti communiste du Canada, fier d’une tradition centenaire de luttes pour les droits démocratiques et pour le droit au travail dénonce le licenciement d’une enseignante de Chelsea, en Outaouais, au Québec, sous prétexte qu’elle porte un voile en vertu de la Loi 21. Néanmoins, nous condamnons d’une égale fermeté le déferlement d’éditoriaux, commentaires, articles et prises de position politique dirigés contre le Québec dans le reste du Canada.

Communistes, nous nous opposons fermement à la Loi 21. Le Parti communiste du Québec rappelait, lors de son dévoilement en 2019, que le but de celle-ci n’a rien à voir avec la laïcité dont le principe de base est la reconnaissance de la neutralité de l’État devant toutes les religions, mais plutôt avec la discrimination non seulement des personnes musulmanes, mais des femmes musulmanes qui plus est fonctionnaires. Son but a toujours été et demeure une attaque contre les salariées, ce dont témoigne l’exemple de l’enseignante de Chelsea.

Nous rappelons que le gouvernement qui l’a mise en place a été élu par moins de 25% de la population. Ce gouvernement qui se gargarise de « valeurs québécoises » pour justifier cette exclusion honteuse de certaines personnes ciblées de la force de travail cherche à réduire les valeurs québécoises aux valeurs conservatrices. Derrière ce masque de défense du Québec, son but est de miner la combativité des syndicats et d’anesthésier les luttes populaires en érigeant l’opposition « Québécois pure laine » contre les autres au devant de la scène.

Pendant ce temps, le patronat se lave les mains. Legault et la CAQ continuent d’imposer leurs politiques antisociales et antipopulaires. On oublie le fait que fondamentalement, ce sont les ouvriers qui s’opposent à la bourgeoisie et que la fraternité de classe doit primer sur toute autre division. C’est justement ce que la Loi 21 tente d’occulter.

Cependant, nous nous opposons à ceux et celles qui, dans le reste du Canada, prétendent défendre les victimes de la Loi 21 présentant le Québec comme société fondamentalement raciste. Le racisme n’est en rien particulier au Québec. Il y est présent autant que dans toute société capitaliste en crise, y compris dans le reste du Canada.

Tout d’un coup, les plus réactionnaires et chauvins des commentateurs, qu’ils soient du Globe and Mail, de The Gazette ou du National Post se font les défenseurs des minorités visibles. Quelle hypocrisie! Ceux-là même qui appelaient à voter Harper quand les conservateurs avaient le vent dans les voiles défendent aujourd’hui les droits démocratiques… Rappelons qu’en 2015, ce sont justement les Conservateurs de Harper qui avaient fait du racisme leur cheval de bataille notamment avec la loi S-7 contre les « pratiques culturelles barbares ». Ce sont eux également qui ont rouvert le débat sur les politiques identitaires en 2015 avec leur exigeance de vote à visage découvert.

Aujourd’hui, les maires conservateurs de Brampton, Toronto et Winnipeg font vœu de débloquer 100 000$ pour financer la contestation de la Loi 21 devant les tribunaux. Ils sont suivis dans leur hypocrisie par la mairesse « progressiste » de Calgary. Le but réel d’une telle manœuvre fondamentalement chauvine n’a rien à voir avec la défense des droits démocratiques des personnes discriminées par la Loi 21, mais plutôt de s’en prendre au Québec et d’en discréditer le droit à l’égalité et à la souveraineté nationales cher à sa population.

Or, le fond du problème relatif à la loi 21, c’est justement le fait que le droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris à la séparation du Québec est nié par l’actuelle Constitution canadienne. Tant que ce sera le cas, tant que les forces progressistes du reste du Canada ne se saisiront pas de ce combat et ne témoigneront pas de leur détermination à défendre ce droit inaliénable de la nation québécoise à disposer d’elle-même, François Legault et les forces nationalistes étroites du Québec auront tout le loisir de duper la population en faisant croire que de telles mesures réactionnaires sont nécessaires pour défendre la nation devant le danger d’assimilation du Canada anglophone.

En effet, beaucoup de Québécois-es, y compris certains progressistes, appuient la loi 21 non pas mus par des sentiments racistes, mais plutôt par leur attachement à la langue française et à la culture québécoise qu’ils perçoivent comme en danger. À eux et à elles, nous devons tendre la main et rappeler que la vraie menace ne vient pas des personnes migrantes ni des personnes musulmanes – dont plusieurs sont francophones et s’intègrent à la nation québécoise tout naturellement – mais plutôt de la mondialisation capitaliste et de la domination monopoliste du pays qui empêche d’ouvrir la discussion sur une nouvelle constitution garantissant une solution véritablement démocratique à la question nationale. À eux et à elles, nous devons prouver que ce n’est que moyennant l’unité de la classe ouvrière dans toute sa diversité (ethnique, nationale, etc.) que nous saurons à la fois garantir le droit à l’autodétermination de toutes les nations qui peuplent le Canada tout en défendant les droits des personnes migrantes.

C’est ainsi que nous triompherons du racisme et de toute discrimination, mais aussi de l’oppression dont sont victimes les nations québécoise, acadienne, autochtones, Métis ainsi que les minorités nationales et ce, pas seulement au Québec, mais dans l’ensemble du Canada.

Commité exécutif central

Parti communiste du Canada