Le Parti communiste du Canada dénonce la déclaration de Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, qui stipule que « les élections du 7 novembre au Nicaragua ne reflètent pas la volonté du peuple nicaraguayen. » De même, nous exigeons la fin de toutes sanctions contre ce pays d’Amérique centrale. Le Canada a, en effet, renforcé ses sanctions le 15 novembre dernier dans un but clair de diabolisation du gouvernement sandiniste élu démocratiquement.
Avec plus de 65% des inscrits, le candidat du FSLN, Daniel Ortega, a remporté plus de 75% des suffrages. Son concurrent le plus proche est Walter Espinoza qui a reçu à peine 14,15% des suffrages. Clairement, le peuple nicaraguayen a fait son choix, et il l’a fait de façon souveraine, c’est sans doute ce que le Canada, les États-Unis, l’OEA, l’Union européenne et les pays impérialistes occidentaux lui reprochent.
D’ailleurs, avant même la tenue des élections, et sans doute dans le but d’intimider le peuple nicaraguayen, la Chambre des Représentants des États-Unis a voté, avec un appui des Démocrates comme des Républicains, l’acte RENACER. Par ce texte, les États-Unis s’engagent, mais engagent également l’Union européenne et le Canada dans la non-reconnaissance des élections du 7 novembre et dans l’imposition d’une série de nouvelles sanctions ciblant en particulier des personnes qui auraient participé à l’organisation d’élections « frauduleuses ».
Mélanie Joly et le Canada n’ont que faire de la démocratie lorsque celle-ci n’est pas marchandisable – en billets verts, s’il vous plait… Sa prédécesseure, Chrystia Freeland, n’a eu aucun scrupule à reconnaître des élections clairement frauduleuses qui ont empêché Nasralla d’accéder à la Présidence du Honduras à l’automne 2017 au profit du candidat qui s’inscrit en droite ligne avec l’oligarchie au pouvoir depuis le coup d’État de 2009 auquel le Canada avait participé.
Sous prétexte d’emprisonnement de journalistes « indépendants » et de leaders politiques d’opposition, tous et toutes manifestement stipendiés par l’impérialisme lui-même notamment à travers des agences comme l’USAID liée à la CIA, le Canada tente, de façon hypocrite, d’être perçu comme défenseur des droits humains. La vérité, c’est que la souveraineté et le droit à l’autodétermination font partie des droits humains fondamentaux, tel que stipulé par la Charte de l’ONU. Or, c’est justement ce que refuse le Canada au peuple du Nicaragua lorsque ses représentants empêchent des agents provocateurs de l’étranger de fomenter des troubles chez eux.
Les impérialistes occidentaux, les grands monopoles qu’ils soient canadiens ou états-uniens ont un intérêt commun : en finir avec ces gouvernements sud et centre-américains qui se dérobent de leur contrôle exclusif. C’est pourquoi ils poussent des cris d’orfraie quand Ortega est reconduit à Managua. Ils cherchent à y installer des marionnettes issues de la bourgeoisie comprador et revancharde locale inféodée à Washington.
Le problème du Nicaragua, c’est qu’il refuse de faire partie des accords de libre-échanges taillés sur mesure par les monopoles nord-américains et qu’il leur préfère des accords d’échange mutuellement bénéfiques comme l’ALBA. C’est aussi qu’il appuie Cuba socialiste et la résistance palestinienne, mais surtout qu’il prouve qu’il est possible, en Amérique centrale, de se développer de façon souveraine.
Communistes, nous savons que les attaques contre le Nicaragua vont au-delà de ce pays même. Elles font partie d’une plus grande campagne de l’impérialisme nord-américain qui tente de reprendre pied dans la région. Nous ne pouvons accepter qu’en notre nom, au nom des travailleur-euses et des masses populaires, le Canada prenne part à cette campagne. C’est pourquoi nous devons redoubler d’efforts pour étendre la lutte pour la solidarité internationale et défendre le droit à la souveraineté des peuples du monde, notamment en Amérique latine.
Commité exécutif central
Parti communiste du Canada