Mar 022015
 

Salutations du Parti communiste du Canada à l’occasion de la JIF 2015.

Le  8 mars, Journée internationale des femmes, est une occasion de célébrer nos luttes historiques pour l’égalité et de s’unir pour relever les défis d’aujourd’hui. À l’occasion de la JIF 2015, le Parti communiste du Canada exprime sa solidarité la plus chaleureuse envers toutes celles et ceux qui se dressent en faveur de la paix, l’égalité, la démocratie et le progrès social.

En Septembre 1995, la quatrième Conférence mondiale sur les femmes s’est tenue à Beijing. 30 000 militantes avaient organisé un Forum parallèle, tandis que les représentantes des gouvernements de 189 pays élaboraient la Déclaration de Beijing et le Programme d’action. Malgré ses lacunes, le document était étonnamment complet, couvrant les femmes et l’environnement, l’économie, l’éducation, la santé, les conflits armés, et bien plus encore.

L’Organisation des Nations Unies souligne le 20e anniversaire de la Déclaration de Beijing avec le slogan « Émancipation des femmes – Émancipation de l’humanité : Imaginez-ça ! »  Pourtant, les femmes dans une grande partie du monde semblent encore plus éloignées de l’émancipation.

Dans les deux dernières décennies, la «lutte pour défendre les droits des femmes» est devenue une justification fréquemment utilisée pour une intervention militaire directe. Et bien que les talibans, Al-Qaïda et l’État islamique soient profondément réactionnaires, ces mouvements sont en grande partie un produit des efforts de l’impérialisme pour s’emparer des ressources et pour faire des profits. Avant les interventions occidentales, le statut des femmes dans les États laïcs d’Afghanistan, de Syrie, de Libye et d’Irak était beaucoup mieux qu’en Arabie Saoudite et d’autres régimes soutenus par le Canada.

La violence n’est pas une solution pour les victimes des conflits armés, en particulier les femmes civiles et les enfants. La guerre a provoqué une augmentation massive des réfugié(e)s dans le monde entier. En Syrie seulement, plus de 3 millions de réfugié(e)s ont fui, et 6,5 millions ont été déplacés à l’intérieur du pays. Les femmes et les filles sont utilisées comme instruments de guerre, enlevées et violées, du Nigéria (par Boko Haram) à l’Amérique centrale (par les forces paramilitaires). Du Moyen-Orient à l’Afghanistan et à la Colombie, les guerres alimentées par les sociétés transnationales, les puissances occidentales et les élites locales créent des catastrophes sanitaires en détruisant les centrales électriques, les systèmes d’approvisionnement d’eau et les hôpitaux. Des billions de dollars sont gaspillés en militarisme plutôt qu’être investis en éducation, en opportunités économiques, en eau potable, et en santé, ou pour aider les mouvements populaires qui luttent pour les droits humains, la sécurité personnelle, le droit de choisir dans le mariage et en matière de reproduction. La dévastation de l’environnement affecte particulièrement les femmes et les enfants, tant celles et ceux qui vivent près des sables bitumineux de l’Alberta, que les millions qui sont touché(e)s par la sécheresse en Afrique subsaharienne.

Nous exprimons notre entière solidarité avec les femmes de Palestine, et notre soutien à la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre la politique d’apartheid d’Israël, qui impose de terribles épreuves aux femmes de Gaza et de Cisjordanie. Nous condamnons la dernière guerre impérialiste en Irak et en Syrie, et la déstabilisation soutenue par les États-Unis du gouvernement bolivarien, progressiste et démocratiquement élu, du Venezuela.

Au Canada, le dangereux projet de loi C-51 en vue de créer un État policier impose de nouveaux pouvoirs extraordinaires afin de criminaliser la dissidence. Agitant le spectre du terrorisme islamique, C-51 en réalité, cible celles et ceux qui critiquent l’austérité, la destruction de l’environnement et la guerre impérialiste, visant directement les femmes qui jouent des rôles dirigeants dans les mouvements ouvrier, autochtone, environnemental et étudiant.

Des millions de femmes au Canada font face à la violence et de l’oppression, mais pas de la part de «terroristes». Les femmes et les filles autochtones souffrent du fardeau raciste de taux plus élevés de pauvreté, de chômage, et d’incarcération, et d’une longévité spectaculairement plus courte. Plus de 1 200 femmes autochtones ont été assassinées ou ont disparu, tandis que les Conservateurs d’Harper ignorent les appels pour une enquête publique. Les femmes sont opprimées par le «double fardeau» de l’exploitation au travail et de la plus grande part du travail domestique. Le statut inégal des femmes se reflète par un «écart salarial» de 30% ainsi que par d’autres indicateurs.

La communication de chansons misogynes, de chants et de messages Facebook a révélé la profonde culture de viol sur les campus, où les politiques sur le harcèlement et l’équité n’ont pas d’application stricte. Les administrations universitaires doivent cesser de couvrir le harcèlement des femmes, des étudiantes et des étudiants LGBT et racialisés. Le financement des centres de femmes sur les campus doit être augmenté, et une éducation efficace contre l’oppression en ce qui a trait à la culture du viol est urgente.

 

Les droits de toutes les femmes à un emploi décent, à l’éducation, à la garde d’enfant, à l’assurance-emploi, etc., sont de plus en plus compromis par l’agenda néolibéral. Les Conservateurs d’Harper, qui se présentent comme «défenseurs de l’égalité des femmes », ont sabré pratiquement chaque organisme fédéral ou chaque service qui a soutenu l’égalité des femmes, ils ont fermé les bureaux de Condition féminine Canada, ils ont éliminé le financement des organisations de femmes qui s’engagent dans la défense l’équité salariale et bloqué les voies légales pour l’obtenir.

Les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la réduction de l’accès aux prestations d’assurance-emploi. La «restructuration» de Postes Canada fait perdre des milliers d’emplois actuellement occupés par des femmes. Si les Conservateurs gagnaient une autre majorité, les forces anti-femmes les plus extrêmes au Parlement pourraient constituer une menace grave pour les droits reproductifs, qui sont encore limitées au Nouveau-Brunswick et dans d’autres régions du Canada.

L’attaque contre l’égalité s’étend à l’arène provinciale, notamment par l’abolition des ministères voués à l’égalité des femmes, l’augmentation des droits de scolarité et les coupes à l’aide sociale, dans les soins de santé, à l’aide juridique, pour la garde d’enfants, et dans les maisons d’hébergement pour les femmes victimes de violence et d’abus. Le programme universel de garderie du Québec est sérieusement attaqué, alors même que les femmes dans d’autres provinces exigent des programmes semblables.

Le statut inégal des femmes a été condamnée par presque tous les corps des Nations Unies qui examinent la performance du Canada concernant les droits humains, incluant le Comité de la Convention sur l’élimination de toute forme de discrimination contre les femmes (CEDAW Committee), le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, le Comité des droits de l’homme, et le Conseil des droits de l’homme.

Une riposte unitaire peut vaincre

La riposte populaire contre l’attaque du monde des affaires est affaiblie par l’absence d’une voix véritablement pancanadienne pour les droits des femmes. Il y a eu des luttes importantes menées par les mouvements de femmes et les mouvements pro-égalité, et les conférences des femmes du Congrès du travail du Canada ont contribué à maintenir vivante la lutte pour les droits des femmes. Au cours de la dernière année, d’importantes luttes ont été menées par des secteurs de la force ouvrière qui sont majoritairement féminins – les travailleuses des services de garde du Québec, les enseignantes et enseignants de  Colombie-Britannique et les travailleuses et les travailleurs de la santé de Nouvelle-Écosse. Le moyen le plus important pour lutter contre la pauvreté et la disparité des revenus est d’organiser femmes non-syndiquées.

Mais le mouvement des femmes a été profondément blessé par les réductions systématiques de financement. Le rétablissement d’une organisation telle que le Comité National d’Action sur le statut des femmes (CNA-NAC), qui pourrait rassembler les femmes du mouvement syndical, les jeunes et les étudiantes, les femmes autochtones et racialisées, et celles des organisations qui luttent pour les droits juridiques, les droits de reproduction, les droits des personnes handicapées, et la garde d’enfants, serait une importante avancée.

Les travailleuses et les travailleurs de tous genres et de toutes origines ont besoin d’une véritable alternative à la cupidité des compagnies. Dirigée par le mouvement syndical et ses alliés, une telle coalition populaire pourrait combattre afin de gagner des emplois durables, des services publics de garde universels, l’amélioration des services sociaux et des possibilités accrues pour les femmes.

Mais tant que le capitalisme perdurera, il générera la pauvreté, l’inégalité, l’exploitation, la dégradation environnementale et la guerre. Ces atrocités sont inhérentes à ce système basé sur la maximisation des profits accaparés par des mains privées. Seul le socialisme, basé sur la démocratie, la propriété collective et le pouvoir de la classe ouvrière, peut libérer l’énorme potentiel créatif et productif du peuple pour satisfaire les besoins humains.

La véritable alternative pour l’égalité des sexes et la survie de l’humanité est le socialisme. Comme le montre la petite île de Cuba, où l’égalité sociale est une priorité, d’énormes progrès dans la condition des femmes peuvent être réalisés à tous les niveaux. Les femmes cubaines élues occupent près de 50% des sièges dans leur Assemblée nationale, par exemple.

Depuis que la JIF a été adoptée par une conférence des femmes de l’Internationale socialiste à Copenhague en 1910, la pleine participation des femmes a été essentielle pour le succès de la classe ouvrière et des mouvements démocratiques. Un monde meilleur est possible et nécessaire.