Rapport sur le 41e Congrès central du Parti communiste du Canada

Le 41e Congrès central du Parti communiste du Canada s’est tenu à Montréal du 5 au 7 décembre 2025, dans une période cruciale et préoccupante pour la classe ouvrière au Canada et dans le monde entier. Il s’est réuni dans un esprit d’unité politique, déterminé à analyser et à répondre à la course accélérée de l’impérialisme vers la guerre mondiale, au virage à droite du gouvernement fédéral et à l’intensification rapide des attaques patronales. Les délégués ont évalué la situation actuelle où le gouvernement Carney, utilisant les pressions tarifaires américaines comme prétexte, impose l’austérité, s’attaque aux droits démocratiques et augmente massivement les dépenses militaires, alors que des grèves importantes et la résistance populaire se développent dans tout le pays.

Montréal a été choisie pour accueillir le Congrès en partie parce que cette année marque le 60e anniversaire de la fondation du Parti communiste du Québec (PCQ) en tant qu’entité distincte au sein du PCC et parce que le PCQ a récemment retrouvé son statut juridique de parti politique au niveau québécois. Le Congrès a réuni les délégués élus au cours de sept congrès d’investiture tenus à travers le Canada en novembre, ainsi que les membres sortants du Comité central et des observateurs.

Le caractère internationaliste du mouvement communiste mondial a été attesté par des messages de salutations écrits de plus de 35 partis communistes et ouvriers frères. Des représentants du Parti communiste soudanais, du Parti communiste chilien, du Parti communiste états-unien et du Parti communiste grec se sont adressés au Congrès en personne. Dany Tur de la Concepción, Chef de mission adjoint de l’ambassade de Cuba, et l’Ambassadeur du Vietnam au Canada, Pham Vinh Quang, ont également adressé leurs salutations au Congrès, renforçant ainsi les liens de solidarité internationale avec le Cuba et le Vietnam socialistes.

Les discussions du Congrès sur la situation mondiale ont porté principalement sur l’aggravation de la crise systémique du capitalisme. Les délégués ont analysé une crise généralisée de l’impérialisme marquée par le déclin de l’hégémonie états-unienne, l’instabilité économique et l’exacerbation de toutes les contradictions inhérentes au capitalisme. L’érosion de l’ordre unipolaire et l’émergence d’un monde plus multipolaire ont été considérées comme remettant en cause la domination états-unienne, mais aussi comme créant de nouvelles rivalités et de nouveaux dangers impérialistes, plutôt que comme représentant un développement intrinsèquement anti-impérialiste. Le Congrès a identifié comme urgente la tendance accélérée au militarisme et à la guerre, menée par les États-Unis, qui pousse le monde vers une économie de guerre permanente et risque de conduire à une confrontation nucléaire. Cette agression se manifeste par le génocide à Gaza, la guerre par procuration en Ukraine et une guerre économique globale, l’impérialisme états-unien désignant la Chine comme son principal ennemi. Le Congrès a discuté des crimes de guerre et du génocide en cours en Palestine et au Soudan, ainsi que de la complicité du gouvernement canadien dans ces deux cas tel qu’attesté par le flux continu d’armes canadiennes vers Israël et le Soudan. 

Fort de cette analyse, le Congrès a conclu de la nécessité d’intensifier la lutte pour la paix. Les tâches principales consistent à renforcer le Congrès canadien pour la paix et le Mouvement québécois pour la paix, à lutter contre l’intensification de l’économie de guerre du Canada et à prioriser et à renforcer notre travail de solidarité avec Cuba et la Palestine. Le plan de travail prévoit également le renforcement de la collaboration avec les partis communistes frères implantés au Canada, en particulier le Parti communiste soudanais qui éprouve un besoin impérieux de solidarité dans sa lutte pour la paix.

Le Congrès a examiné la situation politique canadienne, où la crise capitaliste alimente la croissance des mouvements d’extrême droite et néofascistes, parallèlement à des politiques gouvernementales réactionnaires qui érodent les droits démocratiques. Alors que l’administration Trump menace de faire du Canada le 51e État et que tous les politiciens bourgeois se rallient au nationalisme canadien, l’économie canadienne est en fait de plus en plus subordonnée à l’impérialisme états-unien. Le nouveau gouvernement utilise la guerre tarifaire pour renforcer le pouvoir des entreprises, imposer l’austérité, réduire les programmes sociaux et augmenter les dépenses militaires, comme en témoigne le récent budget fédéral. Devant cette offensive, la classe ouvrière est engagée dans une lutte de plus en plus intense, avec des grèves militantes de plus en plus fréquentes.

Le PCC prône une alternative populaire : un programme antimonopoliste et anti-impérialiste prévoyant la nationalisation de secteurs clés d’activité, une économie de plein emploi, la construction massive de logements sociaux, une politique commerciale multilatérale et mutuellement avantageuse, le retrait de l’ACEUM, de l’OTAN et du NORAD, puis une politique étrangère de paix et de désarmement. Afin de dynamiser la riposte, le Congrès a réitéré son appui à l’idée d’organiser les forces progressistes au sein du mouvement syndical afin de gagner le centre à celles-ci et réaliser l’unité dans l’action nécessaire à bâtir un mouvement syndical de classe. Le programme syndical sera mis à jour également. Il a été jugé essentiel de mettre en place une riposte à l’austérité à l’échelle du Canada, centrée sur le prochain congrès du Congrès du travail du Canada. Reconnaissant que l’austérité et les mouvements réactionnaires touchent de manière disproportionnée les femmes et les personnes opprimées en raison de leur genre, le Congrès s’est également engagé à renforcer la lutte pour l’égalité des genres en organisant une réunion à l’échelle du Canada, en publiant un programme spécifique pour les femmes et les personnes opprimées en raison de leur genre, et en s’appuyant sur les actions menées à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

L’une des prémisses fondamentales du Congrès était que pour traverser cette période de crise, il faut un Parti communiste plus grand, plus discipliné et idéologiquement renforcé. La solution ultime aux crises du capitalisme, de la guerre et de l’effondrement environnemental reste la transformation révolutionnaire, l’édification du socialisme, guidée par l’application scientifique du marxisme-léninisme. Afin de renforcer les capacités du Parti, le congrès a donné la priorité à l’élaboration de matériel éducatif pour les cellules, à l’organisation de formations pour les nouveaux membres et les cadres et à la publication plus fréquente de la revue théorique The Spark!

L’accent a été mis sur le renforcement de la presse du Parti, People’s Voice et Clarté, en tant que propagandistes, agitateurs et organisateurs collectifs. Tous les membres et amis doivent souscrire à la presse. Le Parti mettra en place des plans de distribution et de discussion pour les cellules, organisera une campagne annuelle d’abonnements, augmentera la fréquence des mises à jour en ligne et solidifiera une liste de diffusion. Le Congrès a également insisté sur la nécessité de s’appuyer sur les campagnes passées du Parti en garantissant un meilleur appui organisationnel, notamment grâce à des suivis plus réguliers. Le travail essentiel de la Ligue de la jeunesse communiste (YCL-LJC) a été souligné tout comme la nécessité d’approfondir la collaboration entre le Parti et la Ligue en garantissant une approche organisée du recrutement au sein de la YCL-LJC qui devrait recevoir les jeunes candidats en premier lieu. 

La discussion pré-Congrès s’est traduite par une série d’amendements soumis au projet de résolution politique. Ils ont renforcé l’analyse de la résolution sur plusieurs fronts : la nécessité de la propriété publique et du contrôle démocratique de l’intelligence artificielle; la nécessité de construire une alliance antimonopoliste et anti-impérialiste comme véritable barrière au fascisme à ce stade, plutôt que de soutenir les forces « démocratiques » bourgeoises; l’utilisation de la guerre tarifaire pour attaquer les droits des Autochtones, la protection de l’environnement et les libertés civiles (par exemple, les projets de loi C-2 et C-8); l’impératif de lutter contre le racisme; les nouvelles attaques contre les droits politiques syndicaux au Québec (projet de loi 3); la nécessité de l’unité syndicale devant la renégociation de l’ACEUM; l’approfondissement de l’analyse et de la lutte contre la transphobie et la stigmatisation des personnes de genre divers et la condamnation des crimes d’Israël en Palestine et  du renforcement de la position de l’impérialisme états-unien au Moyen-Orient. Plusieurs amendements ayant été renvoyés au Comité central élu pour discussion approfondie, la résolution politique finale devant être publiée au début de 2026.

Outre la résolution politique principale, le Congrès a adopté plusieurs résolutions spéciales importantes affirmant la position du Parti sur des luttes cruciales. Les délégués ont solennellement commémoré le massacre du 6 décembre 1989 à l’École polytechnique de Montréal, une attaque misogyne qui a coûté la vie à 14 femmes, et ont réaffirmé l’engagement du parti dans la lutte pour mettre fin à la violence sexiste et pour l’égalité totale des femmes et des personnes de genre divers. Une résolution spéciale sur la crise mortelle des opioïdes a été adoptée par le Congrès. Des résolutions de solidarité militante ont été adoptées avec : le Parti communiste soudanais et le peuple soudanais dans leur lutte pour la paix et la démocratie contre les crimes de guerre commis par des factions militaires rivales soutenues par des intérêts impérialistes concurrents ; le peuple cubain, exigeant la fin immédiate du blocus criminel des États-Unis ; la classe ouvrière et le peuple colombien dans le cadre des élections présidentielles de 2026 et de la lutte en cours pour la paix, le progrès social et la libération de tous les prisonniers politiques ; et le peuple vénézuélien contre l’escalade guerrière et un possible changement de régime stipendié par Washington, exigeant la fin de la complicité du Canada dans ces efforts de déstabilisation. Le Congrès a condamné la récente interdiction du Parti communiste polonais dans le cadre d’une campagne anticommuniste plus large à l’échelle mondiale. Toutes les résolutions adoptées lors du congrès seront diffusées dans les prochains jours.

Le Congrès a élu un nouveau Comité central garantissant un équilibre entre renouveau et continuité. Le nouveau Comité central reflète le renouvellement des cadres au niveau des cellules et des provinces. Le Comité exécutif central (CEC), élu par le nouveau CC, témoigne également de cet équilibre. Il comprend le nouveau Chef du Parti en Colombie-Britannique, Rob Crooks; le Rédacteur en chef de People’s Voice, Dave McKee; la Rédactrice en chef de Spark!, Jeanne McGuire; le Secrétaire général de la Ligue de la jeunesse communiste, Ivan Byard; et le Secrétaire national du PCQ, Adrien Welsh.

Le nouveau CEC comprend également Drew Garvie, élu Chef du Parti par le Comité central, et Elizabeth Rowley, Cheffe sortante.

Le nouveau Chef, Drew Garvie, apporte son expérience acquise au cours des dix dernières années au sein du Parti, où il a occupé diverses fonctions. Politisé lors des luttes contre les conservateurs de Harris en Ontario et la guerre en Irak en 2003, il a milité dans le mouvement étudiant à Guelph. Il a rejoint la Ligue de la jeunesse communiste en 2004 et en a été élu secrétaire général en 2014. Il a occupé le poste de Secrétaire à l’organisation du PCC en 2017 et, depuis 2019, celui de Secrétaire provincial de l’Ontario.

Le Congrès a salué Elizabeth Rowley pour ses 50 ans de travail au sein du Parti et ses 10 ans à la tête de celui-ci. Elle continuera à apporter sa contribution au Comité central et à l’Exécutif central.

Kimball Cariou, ancien Chef du Parti en Colombie-Britannique et Rédacteur en chef de longue date de People’s Voice, puis Miguel Figueroa, Chef du Parti de 1992 à 2015, tous deux membres de longue date du CEC, ont été réélus au Comité central mais ont pris leur retraite du CEC. Le Congrès les a remerciés pour leurs décennies de service au sein de cet organe dirigeant.

Le banquet du Congrès a remporté un vif succès avec plus de 150 membres et amis présents. Au programme figuraient des discours d’invités internationaux, des prestations musicales faisant revivre les chants ouvriers et de lutte, un discours liminaire d’Elizabeth Rowley et des hommages à sa contribution. Le Congrès a adressé ses sincères remerciements au Parti communiste du Québec pour son excellent travail dans l’organisation d’un événement harmonieux et réussi.

Le Comité central nouvellement élu tiendra son premier Plénum au début de la nouvelle année afin de mettre en place ses commissions permanentes et de commencer à mettre en œuvre le plan de travail adopté par le 41e Congrès. Les délégués ont quitté Montréal avec la conviction que, en cette période de guerre, de réaction et d’intensification des conflits de classe, la tâche de construire un Parti communiste puissant et de faire avancer la lutte pour un avenir de paix et socialiste est plus urgente que jamais. Le Congrès a affirmé que la voie à suivre réside dans la lutte organisée et militante, seule porteuse d’une alternative socialiste claire à la barbarie du capitalisme en crise.

Comité exécutif central, Parti communiste du Canada