Le rapport publié le 3 juin par l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA), Réclamer notre pouvoir et notre place, est une étonnante mise en accusation du bilan et des politiques génocidaires de l’État canadien, ainsi qu’un puissant appel à une action immédiate en faveur de la justice et de l’égalité. Le Parti communiste du Canada exprime sa solidarité avec toutes celles et ceux qui ont témoigné courageusement à l’enquête au cours des trois dernières années et appuie leurs revendications en faveur d’une véritable transformation de cette société.
Nous avons été parmi celles et ceux qui se sont joints aux demandes pour que le gouvernement fédéral lance cette enquête, afin de dévoiler au grand jour les véritables sources de la violence généralisée à l’égard des femmes et des filles autochtones et aider à trouver les moyens de mettre fin à cette brutalité. Malgré que des milliers de femmes et de filles autochtones avaient été tuées ou étaient portées disparues, ces demandes ont fait face à une résistance obstinée et à la dénégation des forces de police, des politicien-ne-s, et du système «légal», ainsi que de la plupart des médias, jusqu’à ce que ces appels pour la justice deviennent trop forts pour être ignorés. Comme la Commission Vérité et Réconciliation plus tôt cette dernière décennie, l’ENFFADA a permis de mettre en lumière le racisme profondément ancré dans la société canadienne, depuis les débuts de la colonisation européenne jusqu’à nos jours, alors que les eaux et territoires traditionnels des peuples autochtones sont occupés par de grands monopoles capitalistes des ressources énergétiques, qui génèrent des milliards de profits tandis que les véritables propriétaires du pays restent appauvris et opprimés.
Même après que les Libéraux de Trudeau furent élus en partie à cause de leur promesse de lancer l’Enquête (ENFFADA), les difficultés de ce processus étaient évidentes dès le tout début. On a empêché la Commission d‘enquête d’accéder aux informations enfouies dans les dossiers des services de police et de la bureaucratie gouvernementale, rendant très difficile la connaissance du sort tragique de nombreuses femmes et filles autochtones victimes de violence au cours des dernières décennies. Le budget et le calendrier limités de la commission d’enquête l’ont empêchée de démontrer pleinement son respect à plusieurs membres de familles des femmes disparues et assassinées. Malgré ces obstacles et d’autres encore, la Commission d’enquête a entendu 2 300 témoins, principalement les familles des victimes et des survivants, et a formulé 231 recommandations spécifiques, allant du soutien aux services de police autochtones à la refonte des procédures policières en vigueur, à la modification des codes pénaux et à la réforme des services de protection de l’enfance.
Comme le souligne fort justement Réclamer notre pouvoir et notre place, les femmes et les filles autochtones ont été la cible de politiques et d’actions génocidaires depuis des siècles, depuis les premières appropriations des terres autochtones traditionnelles jusqu’à l’adoption de Loi des Indiens après la Confédération, lors de la rafle des enfants autochtones durant les années 60 et les pensionnats ainsi qu’aux innombrables violations des droits de la personne, des droits des Inuits, des Métis et des Premières Nations. Comme le rapport le dit, cela a conduit «directement à l’augmentation actuelle des taux de violence, de décès et de suicides chez les populations autochtones». Malgré les lâches dénégations de certains, cette histoire de mort, de destruction et d’assimilation forcée est en effet la preuve du génocide tant physique que culturel perpétré contre les peuples autochtones, y compris les femmes et les filles, et les personnes qui s’identifient comme 2SLGBTQQIA – bispirituelles, lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queers, qui s’interrogent, intersexuées et / ou asexuées – qui font face à une forme de «triple péril» de diverses formes de violence interpersonnelle et institutionnelle.
Même le premier ministre Trudeau a dû admettre que la violence à l’égard des femmes et des filles autochtones «n’est pas une relique du passé au Canada». Cependant, tout en essayant de redorer son image en tant que politicien attaché à l’égalité des nations, Justin Trudeau, notre soi-disant Premier ministre «féministe», a d’abord ignoré la conclusion de l’enquête selon laquelle la violence historique et actuelle est une forme de génocide contre les femmes et les filles autochtones. Les forces de droite, y compris la plupart des grands médias, affirment que les recommandations de l’enquête sont « impossibles » à remplir, prouvant qu’aux yeux des riches, les peuples autochtones sont en quelque sorte «coûteux et gênants» et devraient tout simplement cesser d’exister, en se dissolvant dans la population générale. C’est l’esprit de celles et ceux qui bénéficient encore du privilège raciste blanc, et des énormes profits tirés de l’exploitation des terres et des ressources autochtones depuis plus de 400 ans.
Le Comité exécutif central du Parti communiste du Canada adresse ses félicitations aux membres de la Commission d’enquête et à son personnel, qui ont mené à bien cette tâche importante malgré des conditions très difficiles. Nous nous engageons à contribuer à la diffusion la plus large possible de cet important document et de ses conclusions, ainsi qu’à aider à mettre en œuvre ses recommandations.
Parti communiste du Canada, Comité exécutif central