May 042020
 
May Day 2020

En ce 1er mai, les travailleuses et les travailleurs du monde entier luttent contre une double menace. La plus grande crise économique depuis les années 30 qui va occasionner des licenciements massifs, des pertes de revenus et d’épargne, avec des vagues d’évictions, de saisies, et de faillites de petites entreprises et d’exploitations agricoles, le tout provoqué par une pandémie mondiale du virus COVID-19, pour lequel il n’existe pas encore de vaccin, et une très grande insuffisance de matériel, de fournitures médicales, de personnel et d’hôpitaux pour éviter la maladie et la mort. La pandémie a aggravé la menace de changement climatique incontrôlé, la croissance des inégalités à travers le monde et la menace de guerres impérialistes.

Les compagnies se servent de la crise en augmentant les prix pour faire plus de profit avec la pénurie de matériel et de fournitures médicales, tout en réorganisant la production pour réduire de manière permanente la main-d’œuvre lorsque la pandémie sera passée.

Pour les capitalistes, tout est une marchandise. Chaque crise devient l’occasion de faire des bénéfices, de réduire les coûts, de vaincre ou d’avaler la concurrence, de se développer davantage. Les victimes d’aujourd’hui, ce sont les travailleuses et les travailleurs de la santé qui se retrouvent en première ligne et qui meurent faute d’équipement de protection individuelle; ce sont les personnes âgées enfermées dans des centres de soins de longue durée, privés et à but lucratif, manquant de personnel et sous-financés; et celles et ceux qui travaillent dans des conditions dangereuses ou qui sont mis à pied sans assurance-emploi, sans indemnité de maladie ou même, qui sont tout simplement sans emploi.

Le rôle des gouvernements capitalistes est de renflouer les compagnies «dans le besoin», de garder une main ferme sur les chômeuses, les chômeurs et les dépossédé-e-s, et de faire passer le capitalisme au travers de cette crise, et au travers de la prochaine crise, et la suivante…

L’expérience de la crise financière de 2008-2009 montre que les lamentations des compagnies aujourd’hui à propos des profits perdus sont infondées et opportunistes. Les données de Statistique Canada indiquent que dans les 15 mois suivant cet effondrement, les bénéfices des entreprises au Canada se sont rétablis et ont dépassé les niveaux d’avant la crise. En 2018, à peine dix ans plus tard, le bénéfice trimestriel des entreprises avait bondi de près de 100%, atteignant des sommets historiques. Au cours de cette même décennie, le salaire horaire moyen lui n’avait réellement augmenté que de 8% en considérant l’inflation.

Et pourtant, pendant la crise du COVID-19, les paiements de soutien du gouvernement sont principalement destinés au sauvetage des entreprises, avec des soutiens seulement ponctuels et à court terme pour plus du tiers de la main-d’œuvre qui actuellement se retrouve au chômage au Canada, et dont 60% n’est pas admissible à l’assurance-emploi.

L’administration Trump aux États-Unis en est l’exemple le plus flagrant, avec sa décision d’ignorer l’impact meurtrier de la pandémie sur le peuple américain et ses efforts pour maintenir les profits et la production à tout prix, avec sa décision de maintenir des sanctions économiques illégales et inhumaines qui empêchent la livraison de fournitures médicales, de médicaments et d’équipements à plus de 40 pays, dont Cuba, le Vénézuéla, la RPDC et l’Iran. Trump a maintenant coupé 400 millions de dollars au financement de l’Organisation mondiale de la santé, après avoir lancé une attaque politique injustifiée contre cette organisation au beau milieu d’une pandémie qui pourrait tuer des millions de personnes en l’absence d’une action internationale plus forte.

Ce sont là des crimes contre l’humanité.

À l’opposé, les pays socialistes ont mobilisé leurs capacités pour protéger la population avec la distanciation sociale, des tests de masse et le suivi des personnes contactées; transformer les usines pour produire des fournitures médicales, des médicaments, des ventilateurs, des équipements de protection individuelle; et même construire des hôpitaux en quelques jours. Ils ont développé des traitements comme l’interféron antiviral Alfa-2B, développé conjointement par des scientifiques chinois et cubains, produit en grande quantité en Chine et distribué dans le monde entier en fonction des besoins. Ils ont envoyé des équipes de médecins et d’infirmières, du matériel et des fournitures médicales pour aider à lutter contre le COVID-19 et sauver des vies en Europe, en Afrique et en Amérique latine.


De façon choquante, le gouvernement Trudeau a refusé de délivrer des visas à l’équipe médicale cubaine qui avait été invitée à venir aider à contenir le virus dans les réserves et les communautés autochtones du Canada. Cette décision doit être révisée. L’escalade de  rhétorique de la Guerre Froide et du racisme anti-chinois sont des tentatives flagrantes de la part des gouvernements capitalistes de faire porter à d’autres le blâme pour leurs échecs.

Non gouvernés par la recherche du profit privé, les pays socialistes mettent la protection du public comme priorité absolue, ainsi que l’internationalisme et l’obligation morale de prévenir la propagation mondiale de la pandémie. Le contraste entre le capitalisme et le socialisme est saisissant – les profits ou les personnes.

Le capitalisme est une question de profits et de concurrence. Le chien mange le chien. Le gros poisson mange le plus petit. C’est le pouvoir des compagnies.

Le socialisme est une question de coopération, pour la santé et le bien-être des gens. Pour une action mondiale contre la pandémie, pour la santé et les soins de santé universels, pour la science et l’éducation, pour la sécurité mondiale, la paix et la justice environnementale.

Le capitalisme est pour les compagnies et les riches. Le socialisme est pour les travailleuses et les travailleurs, les chômeuses et les chômeurs, les jeunes, les femmes, les autochtones et les personnes racisées, les personnes immigrantes, les agricultrices et les agriculteurs, les pêcheuses et les pêcheurs et pour toutes celles et ceux qui travaillent, que ce soit manuellement ou intellectuellement. Le socialisme c’est le pouvoir de la classe ouvrière. Le capitalisme c’est le pouvoir des compagnies – le pouvoir de quelques-uns sur le plus grand nombre, le pouvoir des exploiteurs sur les exploité-e-s.

Les mouvements ouvriers et populaires ne doivent pas accepter la prescription des compagnies pour la reprise, qui impliquera un chômage de masse permanent, une baisse des salaires et du niveau de vie et plus d’austérité pour payer le sauvetage des compagnies aujourd’hui. Leur prescription pourrait également très bien inclure le militarisme et la guerre comme un moyen de récupérer leurs profits. C’est ainsi que les pays capitalistes se sont tirés des dépressions précédentes et de la Grande Dépression, avec des profits gigantesques réalisés dans la production de guerre. Nous assistons à une nouvelle montée des idéologies d’extrême-droite et fascistes, du nationalisme et du chauvinisme, qui avait même débuté avant cette crise.

Les mouvements ouvriers et populaires doivent s’unir pour mener une puissante lutte en faveur d’une reprise populaire fondée sur des politiques de plein emploi, d’augmentation des salaires et du niveau de vie, et de développement des programmes sociaux et des services publics. Les dépenses consacrées à l’OTAN et au militarisme devraient être réorientées vers les dépenses civiles, pour lutter contre la pandémie avec toutes les ressources que nous pouvons mobiliser et pour bâtir un système de santé solide et élargi qui comprend les soins de longue durée, l’assurance-médicaments, les soins dentaires, de la vue et de la santé mentale. Ces fonds devraient être utilisés pour des études postsecondaires gratuites et de qualité, pour des services de garde publics gratuits et de qualité, pour de bons emplois et des salaires plus élevés, des pensions et de meilleures conditions de vie pour toutes et tous. Nous devons construire une économie basée sur la fabrication durable et les énergies renouvelables, pour agir sur le climat, les changements climatiques et la justice environnementale. Nous avons besoin de la paix et de mettre fin au racisme, à l’exploitation et à l’oppression. Nous devons nous unir pour un changement social fondamental, pour le socialisme.


La dépression qui s’en vient et la pandémie qui l’a déclenchée changent tout. Sept millions de chômeuses et de chômeurs dans la misère change tout.

Les mouvements ouvrier et populaire sont à la croisée des chemins: les gens avant le profit ou le profit avant les gens. Nous sommes toutes et tous dans le même bateau, mais nous ne réussirons pas à nous en sortir sans une lutte de masse menée par les syndicats et leurs alliés pour une reprise populaire.

En ce 1er mai, c’est l’unité du mouvement syndical dans la lutte pour la défense des emplois et du niveau de vie des travailleuses et des travailleurs, pour s’opposer aux guerres impérialistes et aux changements climatiques catastrophiques qui fera toute la différence. ■