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Solidarité avec le personnel navigant commercial, abrogeons l’article 107

De rechef, le gouvernement fédéral libéral intervient directement dans le processus de négociation collective en utilisant les pouvoirs de l’article 107 du Code du travail. Comme l’ont montré une série de conflits de travail récents relevant de la compétence fédérale, cet article scélérat est un outil puissant qui permet au gouvernement d’entraver la capacité des travailleurs à mener une grève efficace.

Dans le conflit qui oppose présentement Air Canada à ses 10 000 agents de bord, le Parti communiste du Canada exprime sa pleine solidarité avec le personnel navigant commercial (PNC) qui réclame notamment le paiement intégral de 35 heures de travail non rémunérées en moyenne par mois avant et après les vols.

Avec l’augmentation de 8 % offerte par Air Canada, les agents de bord débutants passeraient à 2 108 dollars par mois, ce qui est bien inférieur au salaire minimum fédéral de 2 840 dollars par mois. Au cours de la dernière convention collective de dix ans, les salaires réels des agents de bord ont été inférieurs de 9 % à l’inflation.

Le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, a gagné 12,4 millions de dollars en 2023-2024, dont 1,3 million de salaire de base plus des actions et des options. Nous condamnons l’ordre de retour au travail émis par le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), sur directive du premier ministre Mark Carney et de la ministre du Travail après que les agents de bord ont exercé leur droit légal de se mettre en grève le 16 août. La menace d’infliger des amendes ou des peines de prison aux membres et aux dirigeants en grève du Syndicat canadien de la fonction publique est une tentative directe de limiter la liberté de négociation collective et l’adhésion syndicale au Canada. Nous appelons l’ensemble du mouvement syndical et tous les partisans des droits de la classe ouvrière à soutenir les piquets de grève et à riposter contre cette attaque des entreprises et du gouvernement. Le gouvernement Carney a déjà fait preuve d’une politique systématiquement favorable aux entreprises, comme en témoignent les coupes massives dans les dépenses sociales pour financer les préparatifs d’une guerre impérialiste de grande envergure. Cette lutte expose encore davantage le caractère fallacieux de la prétention du gouvernement de gouverner au nom de tous les Canadiens.

La séquence complète des événements – du refus d’Air Canada de négocier de bonne foi sur les revendications légitimes du syndicat, à la menace de lock-out de la compagnie la semaine dernière, puis à l’ordre de retour au travail – prouve que la direction était convaincue que les libéraux soutiendraient la stratégie de l’entreprise contre ses employés.

L’article 107, qui donne au ministre du Travail le pouvoir d’ordonner au CCRI d’intervenir « lorsqu’il le juge nécessaire » pour mettre fin à un conflit et renvoyer les questions à l’arbitrage exécutoire, fait partie du Code du travail depuis 1984. Il a été utilisé pour la première fois en 2011 après que les agents de bord d’Air Canada aient rejeté à deux reprises les conventions collectives. Au cours des deux dernières années, les libéraux ont utilisé l’article 107 pour bloquer les actions syndicales des cheminots, puis celles des dockers de Vancouver, de Québec et de Montréal, et enfin, à la fin de l’année dernière, pour mettre fin à une longue grève des employés de Postes Canada.

Comme le souligne le mouvement syndical, l’article 107 incite fortement les employeurs à refuser de négocier de manière constructive, préférant attendre que des gouvernements monopolistes interviennent sans soumettre de loi de retour au travail au Parlement pour débat et vote. L’article 107 doit être abrogé dans le cadre d’efforts plus larges visant à défendre et à étendre les droits de tous les travailleurs canadiens à adhérer à un syndicat et à mener des négociations collectives libres.

Le Parti communiste demande également la renationalisation d’Air Canada, privatisée sous le gouvernement conservateur de Mulroney, et l’abrogation de la politique du « ciel ouvert” adoptée par ce même gouvernement, qui vise à augmenter les profits des compagnies aériennes par la déréglementation et d’autres mesures favorables aux entreprises.

Comité exécutif central, Parti communiste du Canada