Au cours du siècle dernier, la révolution scientifique et technologique a créé d’immenses possibilités d’améliorer la qualité de vie. Jamais auparavant l’humanité n’avait disposé de telles possibilités lui permettant de développer autant la productivité que la créativité, tout en réduisant le travail manuel et le temps de travail. Nous avons aujourd’hui la capacité de vaincre la faim, la maladie et la misère partout dans le monde, de permettre une vie digne à tous les peuples et, en même temps, de léguer aux générations futures une planète saine et viable avec ses différents écosystèmes.
Pourtant, au lieu de réaliser ce potentiel, la forte croissance des forces productives et de la richesse sociale sous le capitalisme sert à intensifier l’exploitation du travail humain, ainsi que le pillage et la destruction de l’environnement mondial. Au lieu d’améliorer la vie, le capitalisme utilise les progrès de la technologie pour produire la plus couteuse des nouvelles générations d’armes meurtrières de destruction massive, et menace l’existence même de l’humanité et d’autres espèces sur notre planète.
Il est donc de la plus haute importance de définir les traits et caractéristiques actuels du système capitaliste mondial, afin de pouvoir déterminer les tâches qui incombent aux communistes et aux forces révolutionnaires et progressistes aujourd’hui. La société capitaliste a connu d’importants changements au cours du siècle dernier. L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, a pris forme. Des monopoles se sont créés et ont fini par jouer un rôle décisif dans la vie économique, sociale et politique. Le capital bancaire et le capital industriel ont fusionné pour former le capital financier, de même qu’une oligarchie financière. L’exportation des capitaux a pris une plus grande importance par rapport à l’exportation des marchandises. Des associations internationales monopolistes de capitalistes se sont formées, conduisant à une nouvelle étape dans l’internationalisation du capital et de la production. Le capitalisme monopoliste d’État – la fusion des monopoles les plus puissants du capital financier et de l’appareil d’État bourgeois – a finalement vu le jour.
Le développement de l’impérialisme et la lutte entre les principales puissances capitalistes pour rediviser le monde ont également conduit à des guerres inter- impérialistes mondiales, à la montée du fascisme, au pillage colonial et néocolonial, ainsi qu’à l’agression impérialiste contre les peuples dans de nombreux pays.
Le XXe siècle est également marqué par d’importantes avancées scientifiques, politiques et sociales. L’événement politique le plus important, étant la Révolution socialiste d’octobre 1917 en Russie, qui porte la classe ouvrière au pouvoir politique, conduit à la formation du premier État socialiste et marque le début d’une nouvelle ère dans le développement des relations sociales humaines. Cette révolution historique, le rôle décisif joué par l’URSS dans la défaite du fascisme et l’émergence consécutive d’autres États socialistes, regroupant ensemble un tiers de la population mondiale, ont eu un impact profond sur l’évolution du monde.
La tendance révolutionnaire au sein du mouvement de la classe ouvrière a grandi et mûri, et d’autres révolutions socialistes ont eu lieu. Des luttes de libération nationale ont réussi à briser les chaines du joug colonial dans l’ensemble du « Tiers Monde ». Des luttes de classe et des luttes démocratiques acharnées, menées au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays capitalistes, ont permis d’obtenir de nombreux gains sociaux et économiques importants pour les masses laborieuses, et d’étendre les droits de la personne pour les travailleurs, les femmes et les jeunes dans de nombreux pays.
Néanmoins, dans les années 1970, le capitalisme mondial entre dans une nouvelle phase. L’accumulation du capital dans les pays impérialistes doit alors faire face à l’intensification de la concurrence internationale, à l’essor de la révolution technique dans les communications et les transports, à l’augmentation astronomique des dépenses en armement et à des crises énergétiques. Poussé par la baisse du taux de profit, le capital financier s’engage dans une voie néolibérale caractérisée par une forte intensification de l’exploitation de la main d’œuvre et de l’environnement, ainsi qu’une accélération de la mondialisation capitaliste. Fondé sur l’augmentation des exportations de capitaux et leur mobilité internationale, le pillage des sources extérieures de main-d’œuvre et de ressources naturelles, ainsi que l’internationalisation de la production et des marchés dominés par des monopoles impérialistes, un ordre mondial néolibéral commence dès lors à prendre forme.
Peu à peu, puis plus ouvertement, les politiques publiques se sont tourné vers la privatisation, la déréglementation, la sous-traitance, la réduction d’impôts sur les sociétés, le libre-échange, les attaques contre les normes du travail et de l’environnement, ainsi que le démantèlement des programmes sociaux. Il ne s’agissait pas là simplement d’un changement de « politique », mais bien d’un élément clé des nouvelles conditions de l’accumulation du capital à l’échelle internationale. Tous les partis capitalistes – conservateurs, libéraux, sociaux- démocrates – se sont engagés dans la même direction générale, bien qu’à des rythmes différents.
Ce changement mondial s’est traduit par une plus grande paupérisation, tant absolue que relative. Les normes de santé et d’éducation ont chuté. Dans les pays en voie de développement, l’effondrement et la stagnation de l’agriculture ont entrainé une migration massive des paysans vers les villes, submergeant les infrastructures urbaines sous-financées et générant des crises environnementales. Partout dans le monde, l’armée de réserve des chômeurs s’est considérablement accrue.
La nouvelle phase néolibérale du capitalisme a révélé plus clairement le caractère prédateur, parasitaire et moribond de l’impérialisme. Le capitalisme, en tant que système, et sa classe dirigeante ne se maintiennent en place qu’au détriment des grandes masses laborieuses et de l’environnement mondial. Les politiques anti-ouvrières et anti-populaires des gouvernements capitalistes ont conduit, non pas au progrès social, mais plutôt à la régression sociale, aggravant les immenses problèmes auxquels l’humanité se trouve maintenant confrontée.
La situation actuelle sur la scène internationale est marquée par les politiques barbares et inhumaines de l’impérialisme. L’humanité vit des heures sombres en raison de la volonté agressive de domination et d’assujettissement de l’impérialisme, qui se manifeste encore plus ouvertement depuis la défaite du socialisme en Union soviétique et dans plusieurs autres pays anciennement socialistes.
Les revers dramatiques subis par le socialisme au cours de la dernière décennie du XXe siècle ont modifié l’équilibre des forces sociales et de classe dans le monde en faveur de l’impérialisme, forçant les mouvements ouvriers, progressistes et anti-impérialistes du monde entier à se mettre à la défensive.
L’impérialisme profite pleinement de la nouvelle situation résultant de ce recul historiquement temporaire. Les puissances impérialistes, et celle des États-Unis en particulier, intensifient leurs efforts pour étendre leur domination économique, politique et militaire aux quatre coins du monde. L’impérialisme états-unien a adopté une stratégie mondiale visant à étendre sa sphère d’influence et à s’emparer de tous les marchés et sources possibles de matières premières.
Loin de disparaitre, toutes les grandes contradictions ayant façonné le monde au cours du siècle dernier ne cessent de s’accentuer. Cela crée des conditions objectives permettant de renforcer la lutte des travailleurs et des peuples, une lutte indispensable ouvrant des perspectives d’une alternative progressiste.
Parmi ces contradictions se trouvent celle entre le travail et le capital à l’échelle internationale, ainsi qu’au sein de chaque pays capitaliste respectif; celle entre l’impérialisme et les forces socialistes dans le monde; celle entre l’impérialisme et les peuples des pays en voie de développement; celle entre les principaux pays impérialistes eux-mêmes; et celle entre le mode de production capitaliste et l’environnement mondial.
Dans un monde dominé par les rapports de production capitalistes, la contradiction la plus importante et la plus fondamentale demeure encore celle entre le travail et le capital. Les actions des organisations capitalistes internationales et des multinationales accentuent la contradiction entre la nature sociale de la production et l’appropriation capitaliste de sa production. L’une ou l’autre de ces principales contradictions pourrait, à tout moment, s’intensifier et passer au premier plan. De plus, chaque contradiction en cours de maturation agit sur les autres et les accentue davantage, approfondissant ainsi la crise généralisée du capitalisme.
L’énorme potentiel de développement des forces productives créé par le progrès scientifique et technique est faussé et limité par la logique des rapports de production capitalistes et la recherche du profit maximum. Des secteurs entiers de la principale force productive – les masses laborieuses – sont dévalorisés, mis au rancart et même éliminés. Le chômage, le sous-emploi et le manque d’éducation représentent un énorme gaspillage de potentiel économique ainsi qu’une tragédie humaine. Par ailleurs, la tendance à la privatisation et à la réduction des dépenses sociales signifie que toute recherche qui ne semble pas offrir de gros profits aux entreprises sera étouffée, peu importe à quel point elle est susceptible d’améliorer les conditions humaines ou environnementales.
Le rythme d’accumulation et de concentration du capital lui-même est effarant. Stimulées par une concurrence féroce pour le contrôle du marché mondial, et impliquant même les plus grandes multinationales, les acquisitions et les fusions d’entreprises concentrent le pouvoir économique et politique entre les mains d’une super-élite de capitalistes de moins en moins nombreuse. La restructuration radicale de l’industrie et du commerce, ainsi que les rationalisations massives et les « réductions du personnel » qui en résultent, ont un effet dévastateur sur les travailleurs, les agriculteurs, les professionnels et les autres membres des couches moyennes, et même sur les petites entreprises non monopolistes.
Les changements profonds dans l’organisation du lieu de travail et les taux d’exploitation, associés à des politiques gouvernementales néolibérales inspirées par les entreprises, modifient radicalement la répartition des richesses et des revenus dans tous les pays capitalistes.
Une autre tendance très alarmante est l’accroissement du capital fictif. De vastes ressources ne sont plus employées dans des entreprises productives, mais sont détournées vers la spéculation sur les devises, les « contrats à terme » et le marché boursier, où d’énormes profits sont siphonnés sans jamais générer une quelconque augmentation de la production. Cette spéculation empire le caractère anarchique propre à la production capitaliste, aggravant ainsi les crises cycliques et structurelles au sein des pays, à l’échelle régionale et mondiale.
Les politiques d’ajustement structurel et le modèle économique néolibéral en général ont un effet particulièrement dévastateur sur les femmes dans le monde entier. Avec l’apparition de la société de classe, le patriarcat commence à émerger comme un processus complexe plaçant les femmes en position d’infériorité économique, sociale, culturelle et politique. Pendant des siècles, le patriarcat s’est développé en même temps que le capitalisme jusqu’à devenir aujourd’hui une caractéristique institutionnalisée du développement capitaliste, forçant les femmes à porter le double fardeau de l’exploitation et de l’oppression. L’augmentation du chômage, les crises environnementales et l’impact des conflits régionaux accélèrent le processus d’appauvrissement et d’inégalité des femmes dans le monde. De plus, les agents du néolibéralisme cherchent à en déterminer la nature et à renforcer les institutions du patriarcat dans tous les pays, dans le but de préserver les profondes inégalités sociales et de s’en servir afin d’étendre l’impérialisme.
L’écart ne cesse de se creuser entre les niveaux de développement des pays capitalistes avancés et ceux en voie de développement. Les relations commerciales déloyales, les conditions usuraires de remboursement de la dette imposées par les banques et les institutions financières internationales, ainsi que le monopole impérialiste de la haute technologie concourent pour extraire des milliards de dollars en richesses des pays les moins avancés vers les centres impérialistes, ce qui a pour effet d’accentuer les disparités dans la division internationale du travail et du développement. Ce modèle de développement chaque fois plus inégal donne lieu à une instabilité croissante au sein des économies locales et régionales, entrainant le déclenchement de crises toujours plus violentes et prolongées que l’impérialisme est de moins en moins à même de contenir.
Sous la bannière de la « mondialisation », l’impérialisme s’évertue à restructurer toutes les relations internationales dans une direction profondément antidémocratique. Les organismes multilatéraux tels que l’OMC (Organisation mondiale du commerce), le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale travaillent en étroite collaboration avec les sociétés multinationales, les grandes banques internationales et les États impérialistes. Les pays qui résistent aux diktats impérialistes sont sévèrement punis par le désinvestissement et la fuite des capitaux, les attaques spéculatives contre les monnaies nationales, le retrait de l’aide étrangère, l’arrêt des transferts technologiques, les sanctions commerciales et les embargos et blocus économiques. L’impact de ces mesures est particulièrement dur pour les peuples des pays en voie de développement.
Là où de telles mesures s’avèrent insuffisantes, l’impérialisme n’hésite pas à recourir à la force militaire brutale pour parvenir à ses fins. Les agressions unilatérales menées par les États-Unis, seules ou avec le soutien d’autres États impérialistes, se produisent avec une fréquence alarmante. La capacité des puissances impérialistes de recourir à des menaces militaires et à des agressions ouvertes s’est considérablement accrue depuis la disparition de l’Union soviétique et de la communauté des États socialistes qui constituaient, auparavant, un contrepoids important à l’impérialisme des États-Unis.
L’un des principaux objectifs de cette offensive tous azimuts de l’impérialisme est d’anéantir les derniers États socialistes ou d’orientation socialiste. En recourant au chantage économique, à la pression militaire et à la pénétration idéologique, tout en tirant profit des difficultés et des contradictions internes, l’impérialisme cherche à affaiblir et finalement à démanteler le socialisme, ainsi qu’à restaurer les rapports capitalistes dans ces pays. La période de la « guerre froide » a beau être officiellement terminée, la lutte entre les forces de l’impérialisme et celles du socialisme continue de plus belle. L’un des éléments essentiels de l’offensive impérialiste est la campagne idéologique visant à discréditer le socialisme et à décourager les masses laborieuses de rejoindre la lutte pour une nouvelle vague de transformations socialistes.
L’impérialisme cherche également à consolider la restauration du capitalisme dans les anciens pays socialistes, à piller les richesses sociales de ces pays et à les maintenir dans un état de subordination et de dépendance. Les contradictions au sein même du camp impérialiste s’accentuent également. Bien que les puissances impérialistes aient comme intérêt commun d’imposer un marché mondial unique qu’elles pourraient dominer et contrôler, les trois principaux centres impérialistes que sont les États-Unis, l’Union européenne (UE) et le Japon se livrent une lutte acharnée pour le partage du butin de la domination mondiale. Alors que l’économie capitaliste mondiale devient de plus en plus volatile, chaque centre impérialiste cherche à protéger sa position privilégiée sur les marchés qu’il domine déjà (sa soi-disant « sphère d’influence »), tout en essayant simultanément de pénétrer d’autres marchés nationaux et régionaux, et de supplanter ses rivaux.
Pendant ce temps, l’impérialisme des États-Unis intensifie sa lutte pour consolider sa position dominante, renforcée par le renversement du socialisme dans l’ex-Union soviétique et les anciens pays socialistes au début des années 1990. Cela se manifeste non seulement par des relations divergentes et toujours plus antagonistes entre les trois principaux centres impérialistes, mais aussi par des actions chaque fois plus agressives visant à freiner le développement et l’influence croissante de la Fédération de Russie et, en particulier, de la République populaire de Chine, qui est en train de supplanter les États-Unis en tant que première puissance économique mondiale. Les pressions économiques exercées par le biais de sanctions et de guerres tarifaires, combinées à l’empiètement stratégique militaire découlant de l’expansion de l’OTAN à l’Est et du renforcement militaire des États-Unis en Asie-Pacifique, exacerbent les tensions et pourraient bien mener à un conflit mondial, avec toutes les conséquences désastreuses que cela entrainerait.
L’impérialisme, et surtout celui des États-Unis, exacerbe les conflits ethniques, religieux et frontaliers, cultive le nationalisme et le chauvinisme, suscite des conflits régionaux et des guerres d’extermination, engendre des forces extrêmement réactionnaires et obscurantistes, et soutient des régimes répressifs et même fascistes.
La militarisation des relations internationales, la poursuite de la course aux armements et la campagne impérialiste visant à affaiblir le rôle et l’autorité des Nations Unies en faveur de « l’unilatéralisme », représenté par l’impérialisme des États-Unis et ses alliés de l’OTAN en sont les éléments les plus dangereux à considérer dans ce changement de réaction politique. La Charte des Nations Unies et les principes du droit international – fondés sur la pleine égalité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les États – sont désormais régulièrement violés par les puissances impérialistes, sous le prétexte de la doctrine de la « responsabilité de protéger » (R2P) et/ou du « droit » de protéger leurs intérêts de sécurité nationale. Dans ces conditions, il est essentiel de défendre les principes du droit international et de maintenir le rôle de l’ONU, tout en faisant pression pour sa démocratisation.
L’impérialisme est la principale source de prolifération des armes, de propagation des conflits régionaux et du danger d’une guerre plus généralisée, voire mondiale. Tant et aussi longtemps qu’existera l’impérialisme subsistera le danger d’une guerre impérialiste. Elle constitue le principal danger qui pèse sur le monde aujourd’hui, menaçant l’avenir de l’humanité et de toute vie sur la planète.
Enfin, notre planète souffre également des conséquences de siècles de soumission de la nature au jeu aveugle des forces du marché capitaliste. Sous le capitalisme, autant le travail que l’environnement naturel sont soumis et exploités pour satisfaire l’objectif primordial des capitalistes : c’est-à-dire la plus-value (ou le profit privé). En tant que mode de production et de consommation, le capitalisme a élevé la dégradation de la nature jusqu’à atteindre des niveaux historiquement sans précédent. Ce n’est qu’en se libérant du capitalisme que l’humanité sera en mesure d’établir de nouvelles conditions, lui permettant un changement fondamental dans ses relations avec la nature. Comme le disait Friedrich Engels : « Et ainsi, les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein. »
Toutes ces caractéristiques montrent le vrai visage du processus de mondialisation. Son contenu principal est l’intensification de la tendance à concentrer et à centraliser les richesses naturelles et productives du monde entre les mains d’une petite élite du capitalisme financier mondial, provoquant un appauvrissement et un chômage généralisés parmi les masses laborieuses et les peuples opprimés du monde entier.
La maturation de ces contradictions approfondit la crise systémique du capitalisme à l’échelle mondiale et suscite, inévitablement, une plus grande résistance et lutte de la part de la classe ouvrière et des opprimés dans tous les pays. Selon le rapport de forces entre les classes dans chaque pays, cela prend de nombreuses formes, y compris des batailles électorales, des manifestations massives et des grèves et, dans certains cas, la lutte armée. Pour contrôler cette opposition croissante, l’impérialisme se tourne davantage vers la réaction politique, telle que la restriction des droits individuels et collectifs et l’oppression manifeste par les services secrets et les mécanismes de l’État impérialiste.
La dépendance croissante du capitalisme à l’égard de la réaction politique et de la répression de l’État a entrainé la croissance de partis et de mouvements d’extrême droite dans le monde entier, y compris des partis fascistes ayant réussi à faire élire des représentants au sein de parlements, d’assemblées législatives et de conseils municipaux dans plusieurs pays.
La montée du fascisme est un indicateur de l’aggravation de la crise systémique du capitalisme. Cela dit, il ne s’agit pas de la succession normale d’un gouvernement par un autre. Il s’agit plutôt de la substitution d’une forme de domination de la classe bourgeoise par une autre, c’est-à-dire le remplacement de la démocratie bourgeoise par une dictature terroriste ouverte.
Les immigrants et les réfugiés fuyant les guerres d’agression impérialistes, l’oppression économique et politique et la dégradation de l’environnement, sont le plus souvent les boucs émissaires des partis et mouvements fascistes qui cherchent à diviser et à terroriser la classe ouvrière, ainsi qu’à liquider toute opposition au régime fasciste. Ces partis et mouvements fascistes représentent, selon Georgi Dmitrov, « les éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins et les plus impérialistes du capital financier », dont le but est d’écraser le mouvement de la classe ouvrière et la résistance populaire face au régime capitaliste et à son exploitation effrénée. Le fascisme est un chauvinisme débridé et une guerre prédatrice. Le fascisme est une réaction enragée et une contre-révolution. C’est l’ennemi le plus implacable de la classe ouvrière et de toutes les masses laborieuses.
Dans de nombreux pays, dont les États-Unis et le Canada, le populisme de droite est utilisé pour détourner les sentiments anticapitalistes croissants de ceux qui sont victimes de l’austérité et de la mondialisation capitaliste, ainsi que de la cupidité sans précédent des banques et des entreprises. Tout comme le fascisme, le populisme de droite capitalise sur la colère du peuple, ses griefs et son indignation, en utilisant la démagogie pour dénoncer les « élites », les « intérêts particuliers » et la « corruption », pour exiger des changements fondamentaux.
Tout comme le fascisme, le populisme de droite joue sur la division et attise les préjugés, en particulier contre les immigrants et les personnes racisées. Il se nourrit de xénophobie, de racisme, de misogynie, d’homophobie et de transphobie. Ses dirigeants se présentent comme les champions du peuple, reniant les allégeances politiques qui révèlent leur essence anti-ouvrière et antidémocratiques. Mais contrairement au fascisme, le populisme de droite peut maintenir certains éléments de la démocratie libérale, comme les élections bourgeoises.
Le populisme de droite ne mène pas inévitablement au fascisme, comme le montre clairement la longue histoire de lutte contre le Crédit social au Canada anglais et les créditistes au Québec.
Toutefois, dans le contexte actuel où des mesures de plus en plus réactionnaires sont adoptées pour restreindre et supprimer les droits des travailleurs et les droits démocratiques, pour restreindre les droits relatifs aux parlements et aux assemblées législatives, et pour intensifier la répression du socialisme et des mouvements révolutionnaires dans tous les pays capitalistes, il est clair que le populisme de droite prépare souvent le terrain à l’émergence de mouvements et de partis politiques d’extrême droite, notamment des organisations fascistes et suprémacistes blanches.
La lutte contre la réaction et le fascisme exige l’unité de la classe ouvrière, des mouvements populaires et de tous ceux qui valorisent la démocratie, afin de s’engager dans une lutte de masse pour vaincre le fascisme là où il détient le pouvoir, et l’empêcher de s’implanter là où il s’organise et recrute, en particulier parmi les jeunes et les chômeurs.
Le Parti communiste appelle à une lutte de masse contre le fascisme, la réaction et la guerre impérialiste, dont les défenseurs sont très actifs au Canada, et exige l’interdiction des organisations fascistes. Le Parti communiste, véritable défenseur et champion des travailleurs, exige également la fin de l’austérité, ayant créé la base sociale permettant au fascisme de prospérer, et une action immédiate visant à répondre aux besoins urgents des masses laborieuses en matière d’emplois, de salaires et de niveaux de vie plus élevés, d’accès à l’éducation postsecondaire, de soins de santé universels et de programmes sociaux, ainsi que d’égalité, de démocratie, de souveraineté et de paix.
La réalité sociale contemporaine montre la nécessité, pour la classe ouvrière, de lutter pour une réponse révolutionnaire au capitalisme, c’est-à-dire : renforcer la résistance au capital financier international et aux gouvernements qui défendent leurs intérêts de classe, ainsi qu’à l’idéologie bourgeoise qui justifie leurs politiques et leurs actions. Seule une lutte anti- impérialiste guidée par une conscience de classe peut affaiblir la position dominante du capital financier monopoliste au Canada et à l’échelle internationale, créer les conditions nécessaires pour renverser son pouvoir et construire le socialisme.
Alors que l’expansion internationale du capital transforme le rôle des gouvernements nationaux et restreint leur fonction de régulation économique au profit d’organisations telles que l’OMC, le FMI et la Banque mondiale, la fonction coercitive de l’État demeure un instrument essentiel servant à protéger les intérêts du capital monopoliste et à réprimer l’opposition. Par conséquent, la lutte pour des réformes démocratiques et antitrust en profondeur et, ultérieurement, pour le pouvoir politique de la classe ouvrière doit toujours principalement être menée au niveau de l’État national dans chaque pays.
Mais, étant donné le caractère mondial du capitalisme contemporain, la résistance de classe et démocratique au niveau de l’État, à elle seule, ne suffit plus. Les luttes menées dans chaque pays doivent être plus que jamais combinées et coordonnées à des formes de lutte régionales et mondiales. Un front international démocratique et anti-impérialiste est nécessaire de toute urgence, afin de rassembler les forces démocratiques, ouvrières et progressistes du monde entier, pour affronter le pouvoir débridé du capital financier international. Un tel front ou une telle alliance pourrait s’articuler autour d’un programme pour une véritable internationalisation, fondée sur les principes de paix, de non-agression et de désarmement mondial; le respect de la souveraineté de tous les États, de l’égalité et des droits de toutes les nations, grandes et petites, de la coexistence pacifique des différents systèmes sociaux et de la Déclaration universelle des droits de l’homme; une coopération commerciale et économique juste et équilibrée; le respect et la promotion de la diversité culturelle; et la protection de l’environnement mondial.
Le mouvement communiste international peut et doit jouer un rôle central dans la construction d’un front international aussi large de lutte anti-impérialiste. Les efforts visant à renforcer la coopération, la cohésion politique et l’unité d’action entre les partis communistes et ouvriers sont donc d’une importance décisive.
La conscience et le militantisme anti-impérialistes sont en pleine croissance et une nouvelle phase de résurgence arrive déjà à maturité. La phase actuelle, dans laquelle battent en retraite la classe ouvrière et le mouvement révolutionnaire internationales, n’est que temporaire. Les revers subis par le socialisme n’ont pas changé le cours de l’histoire de cette époque. Le XXIe siècle sera celui où les forces révolutionnaires se regrouperont pour repousser l’offensive du capital international, et monter une contre-attaque décisive en défense de l’humanité, de la paix dans le monde et de notre environnement mondial. Il n’existe aucune autre alternative.
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