Oct 092018
 

L’accord commercial ALENA-AEUMC annoncé par les États-Unis et le Canada a été revendiqué comme une victoire tant par Donald Trump que Justin Trudeau. Mais du point de vue des travailleuses et des travailleurs, cet accord ne fait que renforcer le pouvoir des entreprises capitalistes. Le Parti communiste du Canada demande au Parlement de refuser de ratifier l’AEUMC et exhorte les mouvements syndicaux et démocratiques à se mobiliser contre cette trahison des intérêts des travailleuses, des travailleurs, des agricultrices et des agriculteurs du Canada.

Certains critiques ont exprimé leur soulagement, soutenant que l’AEUMC «aurait pu être pire», soulignant des détails tels que la suppression des mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE), qui ont déjà permis à des sociétés de poursuivre le Canada en justice à cause de règlements environnementaux qui auraient pu occasionner une prétendue «perte des bénéfices attendus». Toutefois, pris dans l’ensemble, les caractéristiques nettement négatives de l’AEUMC dépassent de loin les quelques gains de ce type. En fait, le RDIE a été remplacé par d’autres dispositions qui attaquent la souveraineté et l’indépendance du Canada et renforcent le pouvoir des entreprises.

Il n’y a pas de gains ici pour les travailleuses et les travailleurs. Cela inclut le fait que les tarifs imposés en juin dernier sur l’acier et l’aluminium canadien, menaçant le bien-être économique de dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs canadiens, restent en place à la merci du président américain, sous le prétexte fallacieux de «sécurité nationale». La prolongation des brevets de médicament à dix plutôt qu’à huit années comme précédemment fera en sorte qu’il en coûtera plus cher aux Canadiennes et aux Canadiens d’acheter des médicaments génériques à meilleur marché et qu’il sera plus difficile de mettre en place un régime national d’assurance-médicaments. Les productrices et producteurs de produits laitiers et de volaille sont confrontés à de nouvelles menaces de la part des sections de cet accord qui ouvrent le marché intérieur de 3,59% supplémentaires aux produits américains et limitent les exportations canadiennes de fromages et de produits laitiers. Cette attaque contre la gestion de l’offre est la dernière étape d’une longue tendance historique de maîtrise de la production alimentaire par l’industrie agro-alimentaire, de réduction des exploitations familiales et de perte d’emplois.

Même la «protection» tant vantée du secteur de l’automobile, la plus importante industrie manufacturière du Canada, a été grandement exagérée. Les termes de l’accord laissent la porte ouverte à l’imposition de nouveaux tarifs américains sur les voitures fabriquées au Canada atteignant un niveau de production supérieur à 2,6 millions de véhicules, empêchant ainsi toute expansion future de l’industrie. Il existe également une limite semblable pouvant susciter l’imposition de tarifs pour la production de pièces automobiles.

La pire caractéristique de l’AEUMC est peut-être l’article 32.10, la clause dite «d’économie non marchande», qui supprime le droit souverain du Canada de conclure de nouveaux accords économiques avec des pays comme la République populaire de Chine, qui a la plus grande croissance économique au monde, mais aussi le Vietnam et Cuba. L’intention est d’enfermer définitivement le Canada dans le complexe militaro-industriel américain, l’astreignant à jouer le rôle de fournisseur de matières premières pour l’impérialisme américain, lui interdisant de s’orienter vers des politiques de commerce multilatéral et mutuellement bénéfique avec d’autres pays.

Le Parti communiste appelle à rejeter l’AEUMC en tant qu’attaque directe contre les travailleuses et les travailleurs et contre le droit souverain du Canada de déterminer sa propre politique économique et étrangère. L’issue des pourparlers de renégociation prouve qu’un soi-disant « meilleur accord » n’a jamais été envisagé et qu’en fait la rhétorique « progressiste » des libéraux de Trudeau ne visait qu’à couvrir une opération pour faire de nouvelles concessions aux demandes de l’administration Trump.

Notre opposition à l’ALENA/AEUMC ne repose pas sur les arguments bidon des «nationalistes économiques» qui opposent faussement les intérêts du Canada à ceux des autres pays.

À notre avis, les intérêts des travailleuses et des travailleurs des trois pays de l’ALENA/AEUMC sont les mêmes: nécessité de meilleurs emplois, de meilleurs salaires, de bons programmes sociaux et des mesures immédiates pour mettre fin aux changements climatiques. Ces accords, à l’instar d’autres accords commerciaux néolibéraux, n’ont jamais été conçus pour protéger les droits humains ou l’environnement. Ils sont toujours centrés sur le «droit» du grand capital à faire le maximum de profit en supprimant les restrictions pour les investissements des entreprises. À l’instar de l’ALENA, l’AEUMC est un outil permettant au capital transnational d’accroître l’exploitation des travailleuses, des travailleurs et des ressources dans les trois pays. Le seul moyen de combattre le programme d’austérité néolibéral du grand capital est de bâtir une action unie beaucoup plus forte de la classe ouvrière des États-Unis, du Mexique et du Canada.

Dites au Parlement d’annuler l’AEUMC! Exigez une nouvelle politique commerciale, basée sur un commerce multilatéral mutuellement bénéfique pour tous les pays!

Comité exécutif central, Parti communiste du Canada